Ci-dessous, vous trouvez une conférence, « La zététique est-elle en train de réinventer l’eau chaude ?« , dans le cadre de deux journées, modestement intitulées « Les rencontres de l’esprit critique » (et pas POUR l’esprit critique), par l’association ASTEC, animée par un des créateurs de « la tronche en biais« , dont la présentation sur leur page Youtube est la suivante: « Esprit critique, scepticisme, zététique… un logiciel antivirus pour l’esprit. Nous vous proposons de découvrir les biais cognitifs qui tordent notre belle rationalité et nous conduisent à des erreurs prévisibles. À l’heure des fake news, des bulles de filtre et de la massification de l’information, savoir distinguer le vrai du faux devient une vraie compétence, et cela nécessite de la méthode. Cette méthode de recherche systématique de l’erreur, d’humilité épistémique, c’est la science. La bonne nouvelle, c’est que c’est passionnant !« .
La « zététique » se veut une déclinaison actuelle du travail, critique, sceptique, largement inspiré par le scepticisme philosophique, le cartésianisme, via une appropriation contemporaine, par l’intermédiaire d’un biophysicien, Henri Bloch. Son cheval de bataille vise la « parapsychologie ». Depuis quelques années, ce courant s’est développé en France, avec des youtubeurs, des groupes d’activistes. Ci-dessus, se trouvent des vidéos d’une conférence, et de réponses de quelques uns des ces activistes. Comme avec le scepticisme, la zététique entend être le travail du négatif qui ruine des pseudo-vérités. Le scepticisme historique allait jusqu’à nier l’existence de toute vérité, en s’auto-détruisant lui-même. Les « objets » de la zététique sont ou des phénomènes culturels qui n’ont pas le statut de « science », comme l’astrologie, ou des manipulations intellectuelles-psychologiques, notamment avec les « infox », les « hoax ». Ces objets sont donc et en nombre très restreint et, ontologiquement, d’une grande faiblesse, ce qui rend plus facile leur examen critique et leur élimination. Pourtant, comme on peut le constater en les écoutant dans la conférence, ce n’est pas la modestie qui les étouffe. C’est à peine s’ils connaissent/reconnaissent à la pensée philosophique historique son existence, son sens et son rôle, critique, et ils semblent très fiers de leurs victoires sur des adversaires faibles ou à l’évidence, perdus pour « la raison ». Si, évidemment, l’établissement de ce qui est faux, trompeur, est important, voire, essentiel, l’étendue du faux est tel que les choix des « zététiciens » confrontent à du radotage, par lequel l’apport intellectuel NOVATEUR est inexistant ou très faible. D’autant que la force des croyances visées réside dans le sens, quand la zététique-critique, réduite à la destruction de ces croyances, n’a rien à proposer à la place de, or, comme la « nature », l’Humanité a horreur du vide, qu’elle remplit, y compris et souvent avec des croyances, douteuses. Pour une part, l’activité zététique-critique revient donc à écoper, avec une cuillère à soupe, l’eau d’une barque dans laquelle l’eau monte.
Comment expliquer que les chefs de file de la « zététique » 2.0 volent systématiquement au secours des intérêts des cartels agrochimique et pharmaceutique, tout en attaquant non moins systématiquement produits et méthodes ne rapportant rien à ces cartels?
Et ce, en dissimulant ou travestissant les faits, et les données des sciences, qu’ils prétendent vulgariser.
Bonjour. Pouvez-vous étayer vos affirmations, par des exemples ? Merci d’avance. Je vous réponds ceci parce que je n’ai aucune connaissance sur cette problématique que vous avancez.
Bonjour, et désolé d’avance pour les copiés-collés. Si vous avez plus de questions n’hésitez pas, ici ou en privé
On peut prendre les exemples du glyphosate ou de l’homéopathie, dont les meneurs zététiciens nous ont rebattu les oreilles, en travestissant les faits, et les données des sciences
Voici une liste non-exhaustive, des faits concernant le glyphosate et l’homéopathie et passés sous silence ou malhonnêtement minimisés par les meneurs zététiciens, lesquels nous ont pourtant rebattu les oreilles avec ces deux débats de société (impactant possiblement les profits des cartels agrochimique et pharmaceutique):
– Le glyphosate n’est jamais utilisé seul, la toxicité des herbicides l’utilisant doit être évaluée avec ces herbicides entiers, ce qui n’est pas le cas, dans leur plupart
– La toxicité des herbicides à base de glyphosate ne débute pas dans l’assiette du consommateur: les effets sur les sols et la biodiversité sont soit ignorés, soit minimisés, alors qu’un tas d’études existent pointant vers cette toxicité systémique, à des niveaux environnementaux
– Le glyphosate se dégrade en AMPA, dont on ne sait pas grand’chose de sa dégradation dans les sols (ou les nappes phréatiques) : voir par ex propos de Marc Lucotte
– La propagande concernant un bénéfice écologique supérieur du semis sous couvert détruit à l’herbicide ex Roundup™ par rapport au labour, n’est plus ni moins que de la propagande, puisqu’on peut détruire un couvert mécaniquement (en surface et sans labour), et qu’en comparant l’impact écologique des herbicides contre labour par ex sur les populations d’oiseaux, les résultants ne pointent pas vers un bénéfice écologique
– Le consensus auquel les meneurs zététiciens font référence concernant l’homéopathie, n’existe que dans la zone économique (donc lobbyistique) occidentale
– Les cas de Cuba, de l’Inde, ou elle est 100% intégrée aux systèmes de soins publics, alors que ces pays n’ont rien de commun (marxisme matérialiste / théocratie souterraine), ou celui de tous les pays où les autorités scientifiques n’ont pas d’opinion, et où elle est banalement utilisée (ex Brésil)
– L’effet de dilutions homéopathiques sur des organismes ne pouvant être sensibles à un mécanisme psychologique(ex cellules in vitro, graines, larves d’insecte, lentilles d’eau), et par aileurs fatalement « aveugles » quant au contenu de ce qu’on leur administre
– Les recherches et études concernant le contenu d’une dilution homéopathique, depuis environ une décennie (ce n’est pas « que de l’eau »)
Omettre des faits aussi importants concernant des débats touchant à la santé publique, au bien commun, et aux progrès des sciences, équivaut à des mensonges délibérés, surtout quand on se prétend « vulgarisateur scientifique »
On peut bien sûr pinailler concernant chacun d’eux – quoi qu’ils soient pour leur majorité assez indiscutables -, mais le constat demeure: les « vulgarisateurs scientifiques » dont les victimes de la zététique 2.0 consomment le contenu, sans l’interroger, ont soigneusement évité de les mentionner, ou les ont travestis (ex le faux dilemne « labour ou glyphosate »)
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Pourquoi la zététique actuelle est-elle globalement l’ennemie de la pensée complexe et de l’esprit critique? Parce qu’elle est instrumentalisée pour défendre des intérêts industriels menacés par les progrès des sciences, desquelles ces industries ont nécessité de brouiller les données, et de faire en sorte tant que faire se peut, que le public (les clients) ne s’intéressent pas trop à des questions menaçant leurs profits, et qu’il ne soit pas en mesure même de pouvoir s’y intéresser
Mon analyse s’appuie sur les éléments suivants:
1/ Connexions fortes entre l’AFIS et les chefs de file de la zététique, et mêmes d’autres vulgarisateurs scientifiques non liés à la zététique actuelle. AFIS dont un de ses ex-membres a claqué la porte quand ses collègues ont refusé de dévoiler leurs conflits d’intérêts les mêlant à l’industrie agrochimique. Comme par hasard, les chaînes de zététique sont toutes pro-PGMs privés et défendent le modèle à base d’intrants « phytosanitaires » (on parle souvent de novlangue, en voilà un excellent exemple: la guerre c’est la paix, le biocide c’est la vie)
« Le 4 févr. 08 à 16:11, Marcel Francis Kahn a écrit :
Mon cher collègue,
Je viens de signer la pétition protestant contre la suppression des facilités de recherche dont vous bénéficiez.L’élément suivant peut vous intéresser.Je faisais partie du Comité scientifique et de patronage de l’AFIS qui édite le bulletin “Science et pseudo-science”.Je combats depuis longtemps en médecine tous les charlatanismes.
Il ne vous a peut-être pas échappé que ,sous l’influence de son rédac chef Jean-Paul Krivine,l’AFIS s’est transformé-sans que notre avis soit sollicité- en un véritable lobby pro OGM.Certes,je ne suis pas du tout persuadé que le maïs 810 oud’autres soit toxique.Ce que j’ai lu ne m’en convainc pas.Mais en revanche je
combats la stratégie monopolistique agressive de Monsanto et de ses diverses sociétés écran.
J’ai donc demandé à la rédaction de Science et
Pseudoscience que mes lettres où je demandais( avec courtoisie et sans mettre encause a priori leur honnêteté scientifique…) que Marcel Kuntz et Louis-Marie Houdebine indiquent leurs liens avec Monsanto et ses filiales,comme en médecine ( je m’occupe d’un journal scientifique médical) il est devenu obligatoire de préciser ce qu’on nomme conflits d’interêt.
La publication de mes courriers et la réponse à mon interrogation) m’ont été refusées bien que j’avais indiqué que ma présence au sein des comités scientifique et de patronage dépendrait de cette publication;J’ai donc démissionné de ces deux comités et j’ai indiqué que je rendrai public cette démission.Si vous le jugez utile,vous pouvez utiliser cette lettre et mon nom.
Avec toute ma sympathie
Docteur Marcel-Francis KAHN »
Réponse du Dr. Déprez à Michel Naud:
Monsieur,
Vous ne voulez donc pas rendre public vos conflits d’intérêts, et c’est votre droit. Mais je souris en voyant M. Houdebine considérer nos demandes (celles du Pr Kahn, d’autres et de moi-même) comme émanant de « tricheurs ». Les seuls tricheurs en l’occurrence sont ceux qui, comme lui, refusent la transparence. La déclaration de conflit d’intérêts ne concerne pas seulement, comme vous le dites, les revues médicales de haut niveau. Elle concerne les médecins qui, comme moi s’expriment en public (j’écris des articles). Normalement, le conseil de l’ordre veille au respect des règles de probité dans ce domaine. Mais, estimant sans doute que les contrôles de l’ordre n’étaient pas assez rigoureux, le législateur a trouvé utile de nous imposer la déclaration au moyen d’une loi. De même, compte-tenu de l’opacité habituelle de fonctionnement des agences officielles, les experts des AFSSA de tout genre et de la HAS sont-ils, eux aussi, contraints de déclarer leurs conflits d’intérêts. Et la transparence n’est pas encore suffisante, comme nous pouvons le lire dans la revue « Prescrire », seule (!) revue médicale française indépendante.
Vous avez parfaitement le droit de ne pas jouer la transparence. Mais, ce faisant, vous décrédibilisez complètement les informations prétendument « scientifiques » de votre site. Vous ne serez donc pas étonnés que je rende public votre refus de publier vos conflits d’intérêts.
Veuillez agréer, Monsieur, l’expression de ma considération distinguée.
Dr Francis Déprez
Ultime réponse de Michel Naud:
De : « Michel NAUD »
Date : 21 avril 2008 18:33:50 HAEC
À : Francis D?éprez
Objet : Rép : complément de réponse à votre question
Cher docteur,
Quelle belle illustration vous feriez, en rendant publique des conversations privées dont la publicité éventuelle n’a jamais été évoquée, du comportement de tricheur que vous récusez.
Comme quoi j’en apprends encore tous les jours sur la nature humaine.
Merci de cette leçon.
Cette conversation aura au moins servi à cela.
Salutations
Michel Naud
Forum de rationalistes ayant identifié ce qu’est l’AFIS, fin des années 2000
http://web.archive.org/web/20200810021045/http://www.rationalisme.org/forum_atheisme/viewtopic.php?f=102 HYPERLINK « http://web.archive.org/web/20200810021045/http://www.rationalisme.org/forum_atheisme/viewtopic.php?f=102&t=1321″& HYPERLINK « http://web.archive.org/web/20200810021045/http://www.rationalisme.org/forum_atheisme/viewtopic.php?f=102&t=1321″t=1321
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2/ Défense systématique des produits et intérêts des industries agrochimique et pharmaceutique -dont les profits dépendent en grande partie du business des brevets sur molécules de synthèse-, ainsi que condamnation non moins systématique de tous produits et approches médicales ou agronomiques ne pouvant offrir la possibilité de ce brevetage sur molécules de synthèse.
3/ Ignorance des données des sciences n’allant pas dans le sens des parts de marché de ces industries, mauvaise foi, popperisme tordu (une pratique empirique dépourvue de théorie expliquant en détail son fonctionnement, est effectivement irréfutable, puisque pas de théorie, mais elle n’en est pas pour autant inefficace), ignorance de l’épistémologie (notamment en ce qui concerne la pensée de groupe en sciences, la structure des révolutions scientifiques etc)
4/ Enfin, on peut écouter les propos d’un des chefs de file de la zététique actuelle, dont la chaîne youtube est apparue à quelques mois d’intervalle en 2014 avec celles de Christophe Michel/Hygiène mentale et François Morel/Primum non nocere -j’ai un peu de mal à y voir comme une coïncidence dépourvue de sens-. Dans l’émission de la Tronche en biais sur la maladie de Lyme, voilà ce que Thomas Durand dit à 1h37m22s : « Avis aux collègues euh vulgarisateurs y’a un sujet où y’a besoin et est-ce que les sociétés savantes peuvent embaucher des des des copains qui vivent de ça et c’est dur (rire bizarre) y’a des contrats pour faire des trucs comme ça non? On pense à vous vous voyez »
https://www.youtube.com/watch?v=kUNise-xg8Y
Il est imprudent de laisser la plèbe trop réfléchir, et trop s’intéresser à des choses risquant de remettre en question les bénéfices des industries citées plus haut.
Inoculer de la désinformation et brouiller les capacités critiques du public, préférablement jeune, est vu par ces industries et leurs cabinets de com’, comme une simple autodéfense commerciale
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En fait ce qui s’est passé avec le monde du scepticisme et de la vulgarisation scientifique devient assez clair quand on écoute Sylvain Laurens, qui a retracé l’histoire des milieux rationalistes: les mouvements de gauche ont cherché à développer l’éducation populaire, et notamment option scientifique, surtout après la seconde guerre mondiale si mes souvenirs sont bons.
On peut facilement supposer que les marxistes matérialistes étant des bouffeurs de curés – Surtout après la Seconde guerre mondiale, et les aspects métaphysiques revendiqués par le IIIème Reich – , il était facile pour l’ingénierie sociale de certains cartels industriels de commencer à doucement instrumentaliser la répulsion de ces gens pour tout ce qui touche au religieux, au paranormal.
Qu’est-ce que ces cartels industriels pourraient avoir contre le paranormal? Eh bien, dans le milieu des médecines et pratiques agronomiques alternatives, on trouve énormément de « paranormal » (de phénomènes que les sciences – au sens où l’entendent les pseudo-sceptiques – ne parviennent pas à expliquer), tendant parfois vers le religieux.
Ces pratiques n’ont pas l’avantage de fournir un support au commerce de molécules sous brevet. Leur démocratisation et leur usage croissant crée un manque à gagner pour les cartels agrochimique et pharmaceutique.
L’ingénierie sociale de ces cartels a détourné la vulgarisation scientifique et les mouvement sceptiques: on est passé de l’étude en laboratoire des phénomènes paranormaux, à des désinformations constantes et régulières concernant les sphères médicales et agronomiques – ex glyphosate et homéopathie deux contrats majeurs des influenceurs zététiciens -, désinformations se faisant passer pour de la vulgarisation, de la réinformation
Merci pour votre réponse et cette longue contribution. Il faut que je prenne le temps de réfléchir à tout cela, c’est assez complexe.