En 2005, en partenariat avec une start-up de l’éolien, il a fait ériger une centaine d’éoliennes sur ses terres, des gigantesques turbines blanches qui brassent doucement l’air en ronronnant pendant que les vaches paissent à leurs pieds. À l’époque, c’était la plus grosse ferme éolienne de l’État, avant d’être dépassée par d’autres. « Le vent est ma récolte la plus résistante aux intempéries », plaisante-t-il en expliquant qu’il constate déjà les effets du changement climatique dans ses champs et auprès de ses bêtes d’élevage. Il a récemment introduit davantage de bisons dans son cheptel, car ceux-ci se montrent plus résilients que les vaches aux hivers rudes et à la sécheresse.
« Ce ranch a résisté au Dust Bowl dans les années 1930 parce que nous avions déjà des turbines à vent et que nous pompions notre eau. Aujourd’hui, avec les changements de climat qui s’annoncent, il va falloir diminuer notre cheptel de 40 % sur la même surface de terre si on ne veut pas appauvrir les sols. Soit on s’adapte à notre environnement en cherchant des ressources complémentaires comme la production d’énergie éolienne, soit on essaie de grossir, mais on n’y arrivera pas sans sacrifier quelque chose, l’environnement ou la qualité de nos produits. » Depuis quatre ans, les météorologues et les fermiers observent les conditions d’un nouveau Dust Bowl dans l’Oklahoma mais aussi dans les États environnants (Kansas, Colorado, Texas). Faut-il attendre une nouvelle catastrophe pour faire évoluer les mentalités ?
Peter Ferrel a hérité de la ferme familiale et sa sœur des puits de pétrole sur leurs terres… En effet, de-ci de-là, de vieux derricks continuent de pomper du brut et de fournir un revenu… Peter peste car deux jours plus tôt, un de ces vieux engins a fui, répandant du pétrole dans les pâturages. « Ce n’est pas trop grave mais c’est vraiment le genre de truc qui m’énerve : cela prend des mois à dépolluer… » Lorsqu'il a achevé la construction de ses éoliennes en 2005, des élus locaux des Flint Hills, sous la pression de lobbies pétroliers, ont passé un texte interdisant d’autres éoliennes sur le territoire du comté. « Ils ont prétexté la dénaturation du paysage et la menace pour les oiseaux. Pour le premier point, on peut en débattre, c’est une affaire de perception, mais pour les oiseaux, cela a été démenti par nombre d’études écologiques. Mais beaucoup de gens dans ce pays, en particulier dans cette région, ont passé leur vie s'investissant dans le pétrole et ce qui se passe aujourd’hui avec le développement des énergies renouvelables menace leur gagne-pain et leur mode de vie… »
Pete Ferrel promeut l'énergie éolienneSous la pression des écolos, la législature du Kansas a voté, il y a plusieurs années, une loi de « facturation nette » obligeant les fournisseurs d’électricité à racheter le courant produit par les individus avec leurs propres dispositifs d’énergie renouvelable. Les frères Koch et le gouverneur ont essayé de l’invalider, mais sans succès jusqu’ici car les habitants y sont attachés. « Les tenants de l’industrie carbone se sentent menacés », reprend Bill Griffith, « car si vous avez une maison équipée en solaire et avec une turbine et que vous disposez d’une voiture électrique, vous vous débarrassez complètement du pétrole et votre facture d’électricité vous coûte 0
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