Le 25 septembre dernier, il publiait, avec son groupe Zone libre, un nouvel album, « Polyurbaine », disque inclassable mêlant délicieusement les pistes entre rap, rock et afro-beat. loin de ses années noir Désir, dont ce guitariste fut l'un des fondateurs, Serge Teyssot-Gay mène en dehors des normes une carrière exemplaire et construit une oeuvre exigeante. il était l'invité de « l'HD ».HD. Vous menez parallèlement deux projets, Interzone et Zone Libre. Quel rapport entretenez-vous avec la zone et la périphérie ?SERGE TEYSSOT-GAY. Je tente de trouverdes endroits en dehors de l'industrie. Les espaces de liberté sont de plus en plus réduits. Les habitants à la périphérie des villes ont une énergie. Ils se placent du côté de la vie. En dépit des difficultés, ils trouvent les ressources nécessaires. Ils influencent mes projets, ce qui explique la polyrythmie sur l'album. La ville génère une énergie créative. Elle est un laboratoire permanent de créations. Je tente d'en rendre compte.HD. Depuis quand nourrissez-vous ce projet ? On sentait déjà au sein de Noir Désir vos tentations d'aller vers le free-rock, notamment avec le morceau « l'Europe ».S. T.G. J'ai effectivement apporté ce riff de guitare. Nous étions un groupe artistiquement uni. Chacun venait avec ses différences. J'ai besoin de stimuli extérieurs. La recherche m'intéresse. J'ai beaucoup de mal à reproduire les mêmes choses. Il me faut me confronter au réel et au public. Il est important, en tant qu'artiste, de s'exprimer sur l'état du monde. Mon moteur n'est pas la norme mais la recherche.HD. Vous êtes la pierre angulaire de ce projet auquel s'agrègent des collaborations. Par le passé, vous avez travaillé avec la rappeuse Casey. Sur « Polyurbaine », vous êtes accompagné de Mike Ladd et Marc Nammour…S. T.-G. Cyril Bilbeaud et moi sommes la base du groupe. Sans lui, notre projet n'existerait pas. Notre musique provient d'une confrontation entre son jeu de batterie et ma guitare. La qualité de notre relation est essentielle pour faire vivre notre musique. Marc Nammour a une capacité incroyable à mettre en scène le quotidien. Il est très précis. Son écriture est littéraire. Mike Ladd vient du « spoken word ». Il a une grande capacité d'improvisation. Il donne à notre musique un caractère d'urgence. La rencontre entre ces deux univers était séduisante. Pour créer des nouveautés, il faut un métissage d'idées.HD. Vous avez récupéré votre contrat auprès d'Universal. Pourquoi avoir opté pour l'autoproduction ?S. T.-G. Le fruit de notre travail est volé. Se pose la question de la répartition de l'argent. Des milliards d'euros se font sur le dos des artistes, qui en touchent une partie infime, voire rien. Je ne souhaite plus cautionner ce système. Cette industrie établit des normes qui vont à l'encontre même de la création. Elle produit une sous-culture de masse envahissante et qui écrase tout. Les jeunes artistes peinent à exister, les lieux de diversité musicale ferment. J'ai connu une époque où il était possible d'essayer, de laisser germer un projet, ou de se planter. Noir Désir était dans ce cas. Aujourd'hui, les chefs de produit ont remplacé les directeurs artis
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