Sarkozy, l’épuisement d’un système – Page 1 | Mediapart

Pour un homme qui se flattait, en 2006, à la veille de son élection à la présidence de la République, de n’être éclaboussé par aucune affaire, le palmarès finit par devenir vertigineux. Nous l'écrivions de longue date ; les accélérations survenues dans plusieurs dossiers judiciaires viennent le confirmer. Du financement de la campagne Balladur en 1995 à l’affaire Karachi, de l’invalidation des comptes de campagne de 2012 à l’arbitrage Tapie, du transfert de François Pérol (à la Caisse d’épargne) à la nomination ratée du dauphin Jean (à l’Epad), de l’attribution du marché des sondages aux soupçons de financement libyen, sans parler du dossier Bettencourt, il existe une constante, l'argent, et un refrain, le grand air du complot. Mais cette parade ne couvre plus le grelot des jackpots. Vers où que l’on se tourne, on n’entend plus qu’un bruit : “Money…”, “Money…”, “Money”… comme le chantaient les Pink Floyd.

C’est qu’en Sarkozie les affaires d’argent ressemblent aux problèmes de cœur. La frontière est poreuse entre le public et le privé. Cette confusion des amours et des fonctions, des amitiés et des carrières, des influences et des pactoles, a couru depuis la mairie de Neuilly et s’est emballée rue du Faubourg-Saint-Honoré en déteignant sur les entourages, jusqu’aux rouages de l’État.

On connaissait le procureur Courroye, on découvre l’avocat général près la Cour de cassation, qui réclamait un poste à Monaco en échange de ses services. Comme quoi Buisson avait l’exclusivité du dictaphone, mais pas celle des arrangements. Comme tant d’autres, dans ce réseau où les conseillers n’étaient pas les payeurs, mais les payés, il servait et se servait, facturant les sondages en bon chef d’entreprise, et pesant en même temps sur les grands choix du pays.   

Ce que révèle cette succession d’affaires n’est pas l’existence d’hommes et femmes de l’ombre autour d’un président. De Gaulle, Pompidou, Giscard, Mitterrand, Chirac avaient tous leurs visiteurs du soir et Hollande n’en manque pas. Des effets de cour, des intrigants, des confidents, des amis de trente ans, on en a toujours connu autour des lieux de pouvoir, et le fonctionnement de la Ve République n’a fait que les amplifier. Le président de la République française concentre tant de puissance entre ses mains que le premier visiteur auquel il tend l’oreille pèse davantage que les ministres et le chef du gouvernement.

Mais

via www.mediapart.fr

0 0 votes
Évaluation de l'article
S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x