Quand une coopérative de salariés, Smart Equipment Technology; empêche une multinationale de délocaliser une technologie de pointe – Basta !

C’est l’histoire d’une petite entreprise de haute technologie en Haute-Savoie. Et d’une multinationale basée à Singapour et cotée à Wall Street qui tente de se l’approprier. Mais les salariés ne l’entendent pas ainsi : craignant la délocalisation de leur outil de travail, de leur savoir-faire et de leurs emplois, ils envisagent de créer une société coopérative (Scop). Et gagnent la bataille contre la société multinationale. La mobilisation du mouvement coopératif et de ses outils financiers a ainsi permis d’éviter la délocalisation d’une technologie de pointe, et le maintien d’une quarantaine d’emplois très qualifiés. Histoire d’une bataille juridique atypique.

4 décembre 2012 : la décision de céder l’entreprise savoyarde Smart Equipment Technology (SET) au groupe K&S, basé à Singapour, qu’avait prise le Tribunal de commerce d’Annecy, est cassée par la Cour d’appel. La SET, société basée à Saint-Jeoire (Haute-Savoie) peut devenir une Société coopérative (Scop), détenue par ses salariés. Étonnant rebondissement pour une entreprise de haute technologie dans un secteur plutôt financé par des sociétés de capital-risque. Il faut dire que cette société dispose d’un savoir-faire unique : fournir des machines capables de souder des composants électroniques de type flip-chip (« puce retournée », une des techniques utilisée pour effectuer les connexions électriques), au demi-micromètre près [1]. Ces machines valent entre 150 000 et 1,5 million d’euros. Des concurrents existent, bien sûr, mais ceux-ci ne savent que s’ajuster à deux-trois microns près. Un des intérêts de cette technologie est la capacité de réaliser des solutions en 3D grâce à la précision obtenue sur la base qui permet de monter d’autres étages.

Avec ses 39 ans d’existence, la SET fait figure de pionnier dans ce domaine de la technologie. Initialement fondée en 1975 à Cluses sous le nom de Sulzer Electro-Technique, elle déménage dans la souriante commune de Saint-Jeoire plus proche d’Annemasse et du lac Léman. Rachetée en 1993 par le groupe allemand d’électronique Karl Suss, elle passe en 2008 dans les mains de Replisaurus Technologies, une start-up suédoise qui voyait dans la technologie de SET un complément à ses développements et un facteur économique de stabilisation de l’ensemble. La greffe ne prendra pas et la SET gardera une certaine autonomie dans le cadre de cette entreprise. Mais le projet central de la start-up va prendre un tel retard que cette société sera mise en liquidation en 2012. Sa filiale française SET, joyau du groupe, est alors mise en vente.

Multinationale contre coopérative

Dès juin 2012, Pascal Metzger, ancien responsable de la Recherche et Développement, aujourd’hui président de la Scop, travaille avec les salariés sur une solution de reprise en société coopérative. Ceux-ci apportent ensemble 160 000 euros. L’Union régionale des Scop mobilise divers partenaires, des émanations du mouvement coopératif (Socoden, Scop Invest, Transméa) ainsi que France Active, pour émettre des titres participatifs à 5 ans et 7 ans, afin de former des quasi-fonds propres qui permettront ensuite d’emprunter auprès de deux banques, le Crédit coopératif et le CIC. Au total, pas loin de deux millions d’euros ont ainsi été mobilisés. Comme dans bien d’autres cas, plutôt que de se focaliser sur l’engagement financier des actionnaires dans des fonds propres, le mouvement Scop mise sur les hommes en s’autorisant des montages plus tendus.

C’est alors qu’un autre candidat se présente pour la reprise : Kulicke & Soffa, groupe américano-singapourien, coté a

via www.bastamag.net

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