Procès du massacre du Bataclan : le sujet de la manipulation mentale manichéenne est totalement absent

Dans cet article de Libération, « 13 Novembre : Hugo Micheron, premier intellectuel à la barre pour expliquer l’idéologie jihadiste« , Alexandra Pichard nous parle de la venue à la barre du tribunal de cet intellectuel, professeur à Princeton et Sciences-Po Paris. Hugo Micheron a été formé par Gilles Kepel, adepte d’une théorie sur la « radicalisation de l’Islam ». Les citations des propos de M. Micheron sont les suivantes : « Une semaine plus tard, Hugo Micheron s’avance donc à la barre pour poser les jalons du «logiciel» de la pensée jihadiste à partir de ce qu’il a repéré en Irak et Syrie, ainsi qu’en prison – qu’il juge particulièrement «jihadogène» – et dans certains quartiers en Europe qui concentrent les 6 000 départs sur zone irako-syrienne. Notamment celui de Molenbeek, «commune pauvre du centre communal de Bruxelles» d’où proviennent une partie des accusés. Là-bas, l’aspect «idéologique» et l’entourage familial et amical jouent un rôle central dans la radicalisation selon le chercheur : «C’est une grossière erreur de réduire les départs au facteur économique et social dans ces quartiers. […] Leur point commun est la présence de vétérans du jihad irakien des années 90.» Le politologue affirme que là où «un éducateur cherche à intégrer un jeune dans la société, le recruteur de Daech cherche à le faire entrer dans un tout autre système de pensée». En l’occurrence le jihadisme, qu’il définit comme «une idéologie qui entend mener la guerre à l’impiété – c’est-à-dire la mécréance – ou aux systèmes musulmans considérés comme apostats et monter des actions qui vont des prédications aux attentats. Si le terrorisme est à ses yeux la «manifestation ultime» du jihadisme, son «idéal» consiste surtout à «rétablir les véritables lois de dieu dans le monde» au travers d’un Etat islamique, «sorte de petit paradis sur terre». Un «fantasme» partagé par les premiers jihadistes partis en Syrie au début des années 2010, tout comme ceux issus de «l’explosion des départs» qui a suivi la proclamation du califat en 2014. «La propagande de Daech se voulait surtout celle d’un vrai Etat, où le jihadisme est érigé en mode de vie, et non pas seulement en une officine terroriste», explique-t-il. D’où l’importance des femmes pour «donner corps» à cette société, que ce soit celles arrivées volontairement avec l’objectif de se marier ou les femmes esclaves yézidies, sorte de «chair féminine» pour les combattants.». (…) Selon le chercheur, les jihadistes «pensent qu’ils sont du bon côté de l’Histoire et qu’ils font le bien de l’humanité». « 

Ces propos relèvent d’une sociologie élémentaire avec le DEBUT d’une réflexion philosophique. Et c’est tout. Ce qui est impressionnant : qu’un certain intellectualisme en France ne soit pas capable d’aller plus loin que cela. Récapitulons : nous sommes ici confrontés à des individus qui vivaient en Europe, et qui, faisant l’objet d’un apartheid et d’un racisme (double, le racisme et le racisme social), avaient peu de liens réels avec cette Europe, dans laquelle des Etats et des groupes importants ont soutenu des guerres destructrices au Moyen-Orient, comme en Libye. Travailleurs ET oisifs en même temps, ils ont été appelés à l’aide par d’autres individus qui, profitant du chaos créé par ces guerres (des milliers de morts, des villes détruites), en Irak, en Syrie, ont décidé de créer une armée de « libération », articulée à une identité islamique, un projet qui a un sens historique permanent en Islam (le califat). Ils y ont été invités et incités par plusieurs motivations : la transformation de leur statut, de citoyens anonymes d’Europe, et pire, méprisés, objets d’un racisme structurel, en sujets VIP, un droit « divin » aux violences tous azimuts, leur permettant et de se venger de ces humiliations sociales, et de se défouler, eu égard à une pression intérieure accumulée pendant des années, la prétention de construire en déconstruisant l’ensemble de ce qui était debout, et, en cas de mort, un accès direct et privilégié à un « paradis », avec un statut spécial. L’appel à venir associe donc des promesses concrètes à des promesses abstraites. Mais COMME LEURS ADVERSAIRES/ENNEMIS, ils « pensent qu’ils sont du bon côté de l’Histoire et qu’ils font le bien de l’Humanité », parce que, en dehors du cas particulier du nihilisme/manichéisme/gnosticisme qui vise EXPLICITEMENT à faire le mal pour son propre bien (cf dans une note antérieure l’exemple du « zodiac », qui a, selon ses propres mots décryptés, tué des innocents pour en faire des esclaves au « Paradis », parce que le Dieu qui dirige le monde est en fait un Diable qui promeut les criminels et les salauds), tous les êtres humains qui agissent y prétendent. Dans le cas de ces guerriers-assassins, la question est : comment parvient-on à convaincre des individus que, en assassinant des civils pris au hasard, on mène une action, constructive, et pertinente aux yeux et de Dieu et des autres croyants ? C’est tout le sens du conditionnement psychologique : ces massacres ne se sont pas produits à peine imaginés, il a fallu des mois et des mois de préparation, principalement, psychologiques, afin de les habituer à l’ultra-violence, mais ce dont ne parle pas ces audiences, c’est qu’ils avaient déjà été pré-conditionnés à cette ultra-violence par le cinéma occidental (affiché partout, dans les salles et sur les télévisions), et par les actions guerrières de pays occidentaux qui ont provoqué, dans tel ou tel pays, des hécatombes de civils, desquels des photographies ont circulé. Or la particularité de ces individus jugés, c’est que nous sommes confrontés à des consciences qui ont prétendu venger ces victimes quand elles étaient en fait motivées par le plaisir de faire couler le sang, quel qu’il soit. Il faut donc s’intéresser à la psychologie des sanguinaires. Dans « Politeia », Platon parle de cette « tyrannie », en tant qu’état intérieur d’un individu, par laquelle celui-ci prend goût à la mort des autres. Loin d’être des étrangers absolus, des barbares qui sont venus frapper des pays civilisés, ces individus ont été rendus possibles par la barbarie qui se trouve au fondement de notre actuelle pseudo « civilisation », laquelle fait l’éloge permanent de la brutalité. C’est ce qu’ils ont décliné à leur manière. Bien entendu, ils se sont rendus responsables et coupables de crimes de masse. Ils doivent donc être jugés et condamnés pour. Mais leur attribuer à eux et au monde musulman cette haine et cette violence, ce serait, ce sera, UNE FOIS DE PLUS, se mentir à soi-même. Leur MANICHEISME est, hélas, NOTRE manichéisme : https://pourunelaicite-a-dogmatique.fr/

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