Medef et Cie ! Patrick Coulon

Coïncidence ou illustration des interrogations – nées de la crise – au sujet du rôle joué par les élites et plus particulièrement le patronat, une quantité non négligeable d’ouvrages y consacrent leur contenu.  Sans parler (car ce n’est pas le lieu dans cette rubrique) des travaux, des colloques, des groupes de travail, inscriptions en thèse se multiplient en science politique et en sociologie.

Michel Offerlé propose une enquête sociologique dans un monde complexe dont on fantasme la toute puissance autant qu’on en méconnait le fonctionnement. En effet que sait-on du patronat ? Que représente-t-il vraiment et comment est-il organisé ? Que savons-nous du poids qu’y pèsent les grands groupes en son sein ? Est-il la voix de toutes les entreprises ? Et surtout quel rôle a-t-il joué dans les grandes décisions politiques récentes ?
Si le lecteur de La Revue du Projet a très certainement sa petite idée provenant de son expérience livresque ou militante il n’en reste pas moins que comme le disait Mao : «  apprends à connaître ton ennemi tu en sortiras renforcé ». Donc l’ouvrage nous en dit beaucoup sur ce « mille-feuille » patronal composé d’un lacis d’organisations et d’acteurs qui sont en concurrence (sur le marché et dans l’organisation) mais ont un intérêt fondamentalement commun. Celui d’être efficient dans le rôle de diffusion-infusion que la machine patronale (18 055 permanents sur le territoire) doit assurer sur l’environnement économique des entreprises et la gestion du social. On découvre comment l’appareil, ses productions, ses universités ont vocation à travailler des thèmes (y compris par la guerre des mots). Celui de la  productivité par exemple y a été particulièrement choyé. On notera également la permanence de la bataille idéologique produite par des think tank patronaux  tels l’Institut Montaigne ou l’ Institut  de l’Entreprise afin de gagner l’hégémonie culturelle. On savait les demandes permanentes du patronat envers le gouvernement. Les passages les plus révélateurs sont donc ceux où des acteurs encore en place expliquent le travail de lobbying, (de capillarité dit-on dans ce milieu), d’interface politique à visées directement législatives.

Ceux d’en haut
En écho au livre précédent, celui d’Hervé Hamon intitulé  Ceux d’en haut  est un livre sur le patronat et le pouvoir concret de gens – des décideurs – qui commandent aux autres. L’auteur a donc rencontré, patrons du CAC 40, patrons du secteur public, banquiers ou entrepreneurs. À tous il a demandé si leur pouvoir est réel, s’il est légitime, ce qui les fait « jouir », ce qui les inquiète, comment ils gèrent leur personnel, ce qu’ils font de leur argent, quels rapports ils entretiennent avec les gouvernants, avec les média. Louis Gallois, Jean-Louis Beffa, Paul Hermelin, Franck Riboud, les grands patrons sont les plus nombreux . Mais il y a aussi , Rocard, Juppé etc… Ils parlent d’eux, de leur parcours, de la prise de décision, de l’argent.
Qu’en retenir ? Ecoutons l’auteur : «  Au final, plus encore que l’argent, ce qui m’a frappé, choqué, intéressé, au cours de ce voyage, c’est l’endogamie. C’est la manière dont les décideurs, qu’ils soient politiques ou économiques, sortent des mêmes écoles, avec le même bagage, la même structure de pensée, les mêmes objectifs, les mêmes instruments […] Pierre Bourdieu parlait de noblesse d’État. Nous y sommes, et depuis longtemps. »

Produire un bain décisionnel
Il y a beaucoup de patrons dans le groupe Bilderberg et à la commission Trilatérale. Mais pas qu’eux ! On y rencontre aussi des commissaires europ

via blogs.mediapart.fr

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