Manifester pour un réveil citoyen – Page 1 | Mediapart

Pourquoi aller manifester dimanche ? Pour les victimes en premier lieu, et pour nous tous ensuite. Pour les victimes, nombreuses, des actes terroristes sans précédent qui se sont déroulés depuis le massacre survenu à Charlie Hebdo mercredi 7 janvier. Pour honorer les mémoires de journalistes et dessinateurs talentueux, participant pour certains depuis des décennies à la vitalité de notre débat démocratique. Pour honorer les quatre personnes tuées lors de l’attentat antisémite contre un magasin casher de la porte de Vincennes. Pour rendre hommage à toutes les victimes, policiers, correcteur, agent d’entretien. Pour ne pas oublier les très nombreux blessés tant lors de l’attaque dans les locaux de l’hebdomadaire satirique que lors des deux prises d’otages qui s’en sont suivies vendredi.

Cabu vu par le dessinateur Damien Glez.Cabu vu par le dessinateur Damien Glez.

Manifester pour nous tous également. Sans reprendre à tout coup l’appellation très officielle de « marche républicaine » voulue par l’Élysée et de nombreux responsables politiques. Mais par la seule volonté de se joindre à un vaste rassemblement citoyen qui se tiendra dimanche à Paris, à 15 heures, de la République à la Nation. Car durant ces journées d’abattement, les meilleures des réponses sont venues de la société. Elles n'ont pas seulement été portées par une immense émotion – nous avons tous grandi avec Cabu, Wolinski, Charb, Tignous, avec les scandaleux et abrasifs dessins de presse. Plus que cette émotion quasi intime, c’est aussi un énorme sursaut civique qui a donné corps à cette trop abstraite devise républicaine : liberté, égalité, fraternité.

Liberté et pas seulement liberté de la presse, tant à travers l’équipe de Charlie se jouait aussi la conquête de l’esprit, celle de l’expression jusque dans tous ses excès. Il ne s’agit aucunement là de droits des journalistes, mais bien des libertés fondamentales des citoyens dont la première est la liberté de penser et de dire.

Égalité ensuite, car à l’exception de l’extrême droite et de ses relais rassis (Ivan Rioufol du Figaro, Yves de Kerdrel de Valeurs actuelles, et quelques autres), les amalgames et polémiques nauséabondes sur la question de la « responsabilité » des musulmans nous ont été épargnées, aussitôt endiguées par d’innombrables appels venus de toutes parts et que l’on peut résumer en un « Tous égaux, tous citoyens ».

Fraternité enfin car ces jours ont été un exceptionnel moment de solidarité et de mobilisation collective. En France, avec plus de 100 000 personnes qui se sont rassemblées spontanément mercredi soir, des dizaines de milliers qui l’ont encore fait jeudi soir. Et, il faut l’espérer, des centaines de milliers qui le feront dimanche. Solidarité à l’étranger également où les initiatives, les messages, les témoignages ont afflué de toutes parts.

Il est des moments rares dans une République et celui-là en est un. Le 31 décembre, nous vous proposions « les vœux de courage de François Morel » pour 2015. L’humoriste (et plus que ça) avait vu juste. « Mon cher compatriote, même si la connerie prospère en même temps que le racisme, le désespoir et le ricanement, tu résistes, disait-il. Oui, mon cher compatriote, souvent, tu m’épates, tu m’épates, tu m’épates. »

Continuons à « épater » François Morel. Manifestons. Défilons. Et défilons sans cette « union sacrée » soudain réclamée par François Hollande et Manuel Valls qui,

via www.mediapart.fr

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