Mais dans cette enquête de Mediapart, nous soulignions aussi que l’affaire Houzelot, pour être la plus scandaleuse de toutes, n’en révélait pas moins les tares d’un système pernicieux qui permet à de richissimes hommes d’affaires de spéculer grâce à des fréquences qui leur sont attribuées gratuitement, d’arrondir ainsi leur fortune, ou d’asservir des médias audiovisuels à leurs caprices personnels.
Des exemples du même type que celui de l’affaire Houzelot, on peut en effet en citer d’autres : celui de Claude Berda (AB Productions), qui a revendu en mars 2010 une fortune – 192 millions d’euros pour être précis – ses chaînes TMC et NT1 à TF1. Et même l’État s’est mis à donner le mauvais exemple, puisqu’il a finalisé en octobre 2014 la rétrocession pour près de 25 millions d’euros au groupe Lagardère des 34 % du capital que France Télévisions détenait dans la chaîne de la TNT Gulli. Pour les plus grandes fortunes, la loi qui encadre la TNT est donc une bénédiction : elle autorise toutes les spéculations possibles et imaginables. Ou presque toutes.
Mais l’exemple le plus spectaculaire qui résume la folie du système français, c’est celui de Vincent Bolloré, le célèbre homme d’affaires qui fut l’un des invités vedettes du Fouquet’s (et celui qui prêta son jet personnel et son yacht à un Nicolas Sarkozy tout juste élu !). Car c’est précisément grâce à ce système de spéculation autour des fréquences de la TNT que l’homme d’affaires peut monter au capital du groupe Vivendi et, par ricochet, devenir le véritable patron de sa filiale, le groupe Canal+. Tout cela grâce à cette loi qui offre à titre gracieux des canaux pouvant ensuite être revendus à prix d’or.
Quand, à la fin de l’été 2011, Vincent Bolloré cède le contrôle de 60 % des deux chaînes de la TNT qu’il contrôle, Direct Star et Direct 8, il réalise une affaire en or. Direct Star, c’est l’ex-Virgin 17, qu’il a racheté au groupe Lagardère quelque 70 millions d’euros et qu’il rétrocède à Canal, pour près de 130 millions d’euros. Et Direct 8, il l’a obtenue gracieusement, au terme d’une autorisation que le CSA lui a accordée le 23 octobre 2002.
Dans le « deal » que Vincent Bolloré fait avec le groupe Vivendi, les deux chaînes sont valorisées 465 millions d’euros, alors que l’industriel breton et ami de Nicolas Sarkozy n’a investi pour elles guère plus de 200 millions d’euros. Grâce à l’État, il fait donc une culbute financière exceptionnelle…
La culbute est d’autant plus importante que
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