« Athènes n’a fait aucune proposition sérieuse et a donc bloqué toute issue vers un compromis »
FAUX. Alexis Tsipras a présenté au début de la semaine passée un texte qui contenait des concessions à l’égard des créanciers et prouvait donc une volonté d’aboutir. Athènes, qui refusait jusque-là tout dépassement de l’excédent budgétaire primaire (avant décompte des intérêts de la dette) au-delà de 0,65 % de son PIB en 2015, acceptait ainsi de venir au-devant de la demande des créanciers en avançant un objectif d’excédent de 1 %. Le gouvernement Syriza, s’il se rend à cette logique d’« assainissement budgétaire » spécifie toutefois qu’il entend épargner les plus démunis en transférant « le poids de l’effort fiscal des classes populaires vers les couches les plus aisées ». Un nouveau taux d’imposition de 8 % est ainsi créé pour les très riches dont les revenus dépassent les 500 000 euros.
« Il n’est pas question de transférer le poids de la dette grecque du contribuable grec au contribuable français », Michel Sapin, ministre des Finances publiques. Chaque Français devrait payer entre 600 et 900 euros.
Faux. En cas de défaut, la France, qui a déjà emprunté les 40 milliards d’euros prêtés à la Grèce – 11 milliards d’euros directement versés à Athènes, ainsi qu’une garantie de 30 milliards au mécanisme européen de stabilité (MES) –, les a déjà comptabilisés dans sa dette publique. Le non-paiement n’aura donc aucun effet sur le niveau de celle-ci. Par contre, la France devrait payer les intérêts de cet emprunt à la place de l’État grec. Ce qui reviendrait au taux auquel la France emprunte à 400 millions d’euros, soit 10,50 euros par an, par Français.
« Les institutions regroupées au sein de l’ex-troïka (UE, BCE et FMI) avaient fait toutes les concessions indispensables pour conclure un bon compromis. »
FAUX. Dans leurs ultimes propositions, les créanciers restent arc-boutés sur les dogmes de la politique dite de l’offre. Ils veulent tailler dans les dépenses publiques et sociales, et refusent les hausses d’impôts sur les plus riches ou sur les entreprises qui réalisent de gros profits. Comme cette taxe exceptionnelle de 12 % proposée par Athènes sur les bénéfices au-delà de 500 000 euros. Même hostilité déclarée aux dérogations demandées par le gouvernement Tsipras à la hausse globale de la TVA à 23 % afin d’épargner les couches les plus défavorisées de la population. L’ex-troïka réclame ainsi que des aliments transformés aussi essentiels que le lait, l’huile et les fromages soient taxés au prix fort et non pas à 13 %, comme le souhaitait la partie grecque.
« Les 200 milliards d’aides européennes à la Grèce ont servi à payer son administration pléthorique. »
Faux. En réalité, seuls 27 milliards d’euros des 226,7 milliards d’euros de l’aide totale versée depuis 2010 par l’UE et le FMI, soit 11 % de l’enveloppe globale, sont entrés dans les caisses de l’État grec pour payer les dépenses de gestion. 80 % de l’argent des prêts est allé aux banques et à la troïka. Dans le détail, 122 milliards, soit la moitié de l’aide, ont servi aux créanciers dont les prêts arrivaient à échéance et à payer les intérêts d’emprunt. 9,1 milliards ont été remboursés au FMI pour remboursement du premier programme de prêts. 48,2 milliards ont servi à recapitaliser les banques grecques, etc.
« L’austérité imposée par la troïka a sauvé la Grèce et relancé la croissance. »
Faux. L’austérité a surtout permis de dégager des capacités de remboursement pour les créanciers. En imposant une baisse généralisée des revenus et en sabra
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