C’est une étrange partie de pêche qui débute en cette fin d’hiver toulousain. Au bout d’un petit vestibule tout en longueur, c’est le sourire éclatant de Pauline et de Jessica qui hameçonne les nouveaux arrivants. Car ce soir est un grand soir pour leur association « Comme un poisson dans l’art » : c’est la grande distribution des premières épuisettes culturelles de Toulouse. On connaissait les paniers de fruits et légumes bio distribués par les Amap (Association pour le maintien de l’agriculture paysanne) regroupant des producteurs de la région et des consommateurs voulant promouvoir les filières courtes. Voici désormais les épuisettes culturelles, qui reposent sur le même principe, mais au profit des artistes et musiciens.
De la même manière que les Amap ont été fondées dans l’objectif de relocaliser des consommations, de soutenir l’agriculture de proximité et de nouer du lien entre les producteurs et les consommateurs, les « Associations pour le maintien des alternatives en matière de culture et de création artistique » (Amacca) sont nées de la nécessité de proposer un nouveau modèle économique pour la culture.
- Les fondatrices
- Pauline Herbillon et Jessica Bir
Cette initiative est partie d’un constat, celui d’Olivier Lanoë, syndicaliste et guitariste : la nécessité de « démarchandiser » l’accès à l’art et à la culture. Dès 2007, il pose les grands principes des Amacca, dans le même esprit que les Amap de fruits et légumes. Un principe démocratique d’abord : la réappropriation de la culture par les citoyens eux-mêmes par la création de structures démocratiques et participatives. On part du principe que la culture est un bien commun, un espace citoyen de partage, élaboré par les apports de tous et non distribuée d’en haut par des instances discriminantes que ce soit d’un point de vue éducatif, financier ou géographique.
Un principe économique ensuite : En 2003, la loi Aillagon ouvre la possibilité pour les personnes physiques et morales d’être mécène… à condition d’être imposable. Chaque fois qu’un mécène donne 3 € à un bénéficiaire, le Trésor public rend 2 € au donateur sous forme de réduction d’impôts. Le problème, c’est que ne peuvent percevoir des dons de mécénats – de particuliers ou d’entreprises – que les organismes d’intérêt général. C’est à dire seulement des organismes non lucratifs dont l’activité ne profite pas à un groupe restreint de personne, comme les associations lois 1901 qui font la démarche d’être reconnue d’intérêt général. C’est ainsi que le modèle économique des Amacca est souvent fondé sur le « micromécénat », ce qui leur offre une grande indépendance par rapport aux financements publics et donc à de possibles arbitrages politiques ou financiers en fonction d’aléas électoraux défavorables.
Des paniers culturels comme alternative économique et sociale
Un principe géographique enfin : la territorialité est le fondement de la dynamique des épuisettes culturelles. C’est la rencontre entre les habitants et les ar
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