Les dictateurs de l’UE placent la Grèce au bord de l’effondrement financier – Page 1 | Mediapart

L’aveuglement européen est en train de pousser la Grèce dans ses derniers retranchements. Six semaines à peine après son élection, Syriza se bat déjà pour éviter l’effondrement financier. Tentant de desserrer l’étau, les responsables grecs multiplient les visites et les assauts. Jeudi 12 mars, Alexis Tsipras est venu à Paris pour signer un accord avec le directeur de l’OCDE. Une façon de montrer que le gouvernement grec n’est pas du tout opposé au changement, mais pas à n’importe quel changement.

« Les réformes dont nous discutons avec l’OCDE ne sont pas des réformes imposées, a déclaré Alexis Tsipras. Ce sont des réformes que nous souhaitons mener en Grèce. Ce n’est pas le moment de critiquer l’échec du programme suivi depuis quatre ans. Mais ce que nous avons vu du côté de la Troïka s’apparente à du chantage. La Troïka n’a jamais demandé des réformes constructives. »

Mais il en faut plus pour convaincre les responsables européens. Insistant sur « la confiance perdue », même si elle n’a jamais été accordée à Syriza, ils exigent chaque jour plus de concessions du nouveau gouvernement grec. Les leçons du président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, exigeant de la Grèce qu'elle se soumette au programme d’austérité rejeté par les Grecs, la mine réjouie du ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble, annonçant le retour de la Troïka à Athènes, à l’issue de la réunion européenne lundi, en disent long sur les réelles intentions des gouvernements européens :  c’est une reddition en rase campagne de Syriza qu’ils semblent rechercher.

Varoufakis et TsiprasVaroufakis et Tsipras © Reuters

Le camp des faucons, emmenés par l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Espagne et la Finlande, est parvenu à faire l’unanimité face à Athènes. L’Europe a posé ses conditions. La ligne de crédit de 7,2 milliards d’euros, prévue dans le deuxième programme de sauvetage, et qui aurait pu aider le nouveau gouvernement de Syriza à faire la transition en attendant de mettre en place son programme, ne sera déboursée que si le gouvernement grec accepte de se soumettre à un nouvel examen de ses comptes, sans parler des réformes à suivre. Au mieux, le gouvernement grec pourra espérer toucher une partie de ces sommes fin avril.

Les gouvernements européens pensent qu’ils ont le temps pour eux, que la Grèce fait du chantage, qu’ils peuvent faire encore et toujours monter les enchères afin d’amener Athènes à complète résipiscence. Ils ont tort. D’ici avril, il sera peut-être trop tard.

La situation financière de la Grèce est en train de se dégrader à vue d’œil. Il ne s’agit même plus de la question de la solvabilité de l’État grec – à l’exception des Européens qui restent dans le déni, tous jugent l’endettement de la Grèce insoutenable et une restructuration de sa dette inévitable – mais de celle de sa liquidité. À tout moment, tout peut déraper.

Le président de la commission européenne, Jean-Claude Juncker, semble être un des seuls pour l’instant à prendre la mesure de la gravité de la situation : « Ce qui m’inquiète, c’est que tout le monde n’a pas encore compris, au sein de l’Union européenne, le sérieux de la situation en Grèce », avertissant qu’il fallait prendre garde à ce que « la situation ne continue pas à se détériorer ». Preuve du danger qui menace, le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble, a évoqué vendredi 13 mars le risque « d’une sortie accidentelle de la Grèce de l’euro ». « Parce que nous ne savons pas exactement ce que font les responsables grecs, nous ne pouvons l’exclure », a-t-i

via www.mediapart.fr

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