L’échec de cette politique saute aux yeux. Le cannabis est devenu une pratique culturelle française répandue dans toutes les classes sociales. Environ 13,4 millions de Français ont déjà consommé au moins une fois du cannabis, selon l’OFDT. Quelque 1,2 million en consomment de façon régulière (plus de dix fois par mois), dont 550 000 quotidiennement. Le nombre de jeunes de 17 ans ayant déjà expérimenté le cannabis a doublé en France entre 1993 et 2011, passant de 21 % à 41,5 %. La France a donc aujourd’hui « le triste privilège de figurer dans le peloton de tête des pays de l’Union européenne pour ce qui concerne la consommation de cannabis », constatait le 13 août 2013 l'ex ministre de l’intérieur Manuel Valls.
Pire, « l'interdiction du cannabis apparaît bien comme l'allié objectif des mafias à qui elle donne leur raison d'exister sur ce secteur d'activité », concluait le rapport Vaillant. Résultat : « l’actuelle régulation du cannabis est faite par des organisations criminelles qui contrôlent le type de produit, sa qualité, la vente aux mineurs, etc. », affirme l’économiste Pierre Kopp, professeur à l'université Panthéon-Sorbonne (Paris 1). Comme aux États-Unis dans les années 1920, la prohibition nourrit des réseaux criminels qui régentent certains quartiers populaires (lire Quartiers shit de Philippe Pujol). Et recrute leurs adolescents comme guetteurs, charbonneurs, etc.
« Le gouvernement se sert de la jeunesse comme d’un bouclier humain, constate Kshoo, 47 ans, l’un des cofondateurs du Collectif d’information et de recherche cannabique (Circ). On prétend la protéger, mais on criminalise une partie de la jeunesse. Ils deviennent adultes avec le statut de délinquant. » Certains y voient même un calcul plus cynique. Comme ce gérant d’un « growshop » marseillais, pour qui les autorités publiques achètent la paix sociale dans les quartiers en laissant les jeunes « s’assommer avec du shit pourri ». « Dans les années 1980, ils s’engageaient pour la marche des Beurs, contre les massacres de Sabra et Chatila, etc. Aujourd’hui, vu la qualité de ce qu'ils fument, les velléités de révolte, ils les laissent dans le cendrier. »
Liste des règlements de comptes à Marseille, lors du «18 joint» 2014.
À Marseille, et dans une moindre mesure en région parisienne, le bilan se compte également en cadavres. En 2011, un groupe d’universitaires et d’experts en santé publique, basé en Colombie-Britannique, a épluché les données existantes sur l’impact de la répression policière. Ils concluent « que la violence liée à la drogue e
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