La Confédération syndicale internationale mobilise aujourd’hui dans le monde entier contre les attaques remettant en cause la convention 87 de l’Organisation internationale du travail qui reconnait les libertés syndicales et le droit de grève.«Ne touchez pas au droit de grève. » Un slogan pour une journée mondiale de riposte organisée par la Confédération syndicale internationale (CSI) pour défendre une convention de l’Organisation internationale du travail (OIT), la 87. Derrière ce chiffre énigmatique se cache tout un symbole, la reconnaissance des libertés syndicales et, derrière elles, du droit de grève. Cette avancée a été obtenue en 1948. Ratifiée par 147 pays, cette convention constitue une protection pour des millions de travailleurs dont le droit de grève n’est pas reconnu par leurs lois nationales. En France, lors du conflit de 2010 sur les retraites, quand Nicolas Sarkozy avait réquisitionné des salariés des raffineries, cette convention avait permis « de faire reconnaître qu’il y avait eu de la part du gouvernement français une infraction au droit de grève », rappelait, dans l’Humanité du 7 novembre 2014, Bernard Thibault, élu au conseil d’administration de l’Organisation internationale du travail.
En juin 2012, le groupe des employeurs siégeant à l’OIT a commencé à refuser de participer à l’examen des cas de violation de la convention 87, jugeant que « le droit de grève n’a pas de base juridique dans les conventions sur la liberté syndicale ». Depuis, la bataille fait rage au sein de l’OIT entre patronat et représentants des salariés. La situation est bloquée, au point que les syndicats entendent porter la question devant la Cour internationale de justice. En lançant cette campagne, la CSI souhaite sortir le conflit des murs de l’OIT. « Sous couvert d’un conflit d’apparence juridique, c’est bien le risque de voir les normes du travail et les droits de l’Homme devenir une variable d’ajustement dans le monde des affaires qui se profile », ont analysé hier les dirigeants CFDT, CFTC, CGT et FO, Laurent Berger, Philippe Louis, Philippe Martinez et Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force ouvrière.
France : les syndicats poursuivis
Aux quatre coins du monde, les attaques contre le droit de grève se multiplient, y compris en France : continuité du service public dans les transports de voyageurs en 2007, service minimum d’accueil dans les écoles primaires en 2008, loi Diard en 2012 dans les transports aériens. En la matière, la victoire de François Hollande, en 2012, n’a rien changé. Pour preuve, en 2013, la commission des Lois a rejeté la proposition de loi d’amnistie sociale, pourtant adoptée au Sénat quelques mois auparavant. Depuis, les sanctions à l’encontre des grévistes s’intensifient. À l’image des dix-neuf cheminots de Midi-Pyrénées sanctionnés après la grève du mois de juin. Autre exemple, ce militant syndical des Hauts-de-Seine à La Poste, Yann Le Merrer, révoqué pour des prises de parole lors de la grève qui a duré 173 jours, l’an dernier, pour réclamer la titularisation de collègues en contrats aidés et dénoncer les restructurations. Hier, des salariés et des élus de Goodyear Amiens étaient placés en garde à vue à la suite de « l’occupation de l’usine avant le 22 janvier 2014 » (voir page 24). Ces attaques contre le droit de grève participent à un mouvement de régression sociale plus large. Pour preuve, en novembre 2014, le président du Medef, Pierre Gattaz, s’est permis d’inviter la France à sortir de la convention 158 de l’OIT afin que les patrons français puissent licencier sans motif, sans procédure,
via www.humanite.fr