Le Laboratoire (bande annonce), film… par Nadine-Mahe
"Michel Mahé a été l’un des sept licenciés d’Aérospatiale Saint-Nazaire à la suite des grèves de novembre 1979, après une « guerre psychologique » menée par la direction. Cette technique de management débute avec Maurice Papon dès 1967. Interpellation des élus, mise en accusation de la direction lors de voyages à Paris : les sept n’ont jamais baissé les bras. Rencontre avec un obstiné et un vainqueur. A 70 ans, le regard bleu azur n’a pas pris une ride. Il dit aussi toute la détermination d’un homme, licencié avec six autres de ses camarades, militants CGT d’Aérospatiale (1), suite à une grève en novembre 1979. Originaire de Crossac, en périphérie de Saint-Nazaire, Michel Mahé a fait toute sa carrière chez Sud Aviation, aujourd’hui connu sous le nom d’Airbus. Son histoire tourmentée avec l’entreprise ne l’empêche pas de regretter d’avoir volé en Boeing pour son dernier voyage. Pourtant, ses dirigeants ne l’ont guère aidé à garder cette foi intacte, trop occupés à mener une guerre psychologique, initiée par Maurice Papon, patron éphémère de Sud Aviation, en 1967.
« Étant jeune, je ne connaissais pas son parcours pendant la Seconde Guerre mondiale. Il n’est resté qu’un an à la tête d ’“ Aéro”. On a eu de la difficulté à comprendre que ce typelà, Papon, ait été nommé PDG alors que de Gaulle était président de la République. » À l’époque, Michel Mahé n’est pas encore syndiqué. « Je participais à tout. J’ai adhéré dans les années qui ont suivi 1968. » Mais le véritable tournant pour Saint- Nazaire se déroule avec le retour au bercail de Jean Renon. « Renon était ingénieur de profession. Il a été mon premier chef de service. Quand je suis revenu de l’armée, il était à Sud Aviation Marignane. Il est allé apprendre le métier de saboteur. Il est revenu le 1 er avril 1976. Il a amené ses sbires et mis en place un système discriminatoire contre la CGT et la CFDT. » Déjà la méthode mise en place à Marignane a fait ses preuves. Et bien qu’avertis par leurs camarades, les militants syndicaux ne se doutaient pas de l’ampleur du phénomène avant d’y être confrontés."