ÀLyon avant-hier, le pot de yaourt lancé par une participante lors d’une table ronde sur le thème des « Nouvelles opportunités économiques » n’a pas atteint Emmanuel Macron. « Tu assassines les chômeurs ! », « Tu n’as pas à être là », a-t-elle également lancé au ministre de l’Économie avant d’être évacuée fermement par le service d’ordre. À l’entrée de la conférence, des manifestants l’attendaient, comme la veille dans le Lot où il s’était rendu. S’il n’a pas reçu le yaourt, a-t-il entendu la colère ?
Le même jour, le secrétaire du syndicat CGT de la société navale STX Sébastien Benoît, en bleu de travail devant le président de la République, refuse de lui serrer la main et lui rappelle que « ceux qui se battent aujourd’hui pour défendre leur gagne-pain se battent face à une violence patronale qui est de plus en plus imposante », faisant référence aux salariés d’Air France et aux luttes engagées aussi par les salariés des chantiers navals contre les 40 licenciements qui touchent le site de Lorient. Un geste « assez courageux », estime Pierre Laurent. Le secrétaire national du PCF affirme qu’« énormément de salariés dans le pays se sentent concernés par ce qu’il s’est passé à Air France ». Une montée en puissance de ce sentiment qui semble s’élever d’un cran à la suite de l’interpellation de cinq salariés d’Air France à leur domicile au petit matin du 12 octobre. Ces derniers, dont la garde à vue a été prolongée mardi matin, seront jugés le 2 décembre pour des faits « de violences en réunion ayant entraîné une interruption de temps de travail n’excédant pas huit jours », assène le secrétaire général du parquet. La peine encourue peut aller jusqu’à trois ans de prison et 45 000 euros d’amende. Une procédure judiciaire qui déclenche une indignation que des citoyens font éclater notamment sur les réseaux sociaux. Comparant par exemple l’absence de sanction condamnant les dégradations commises par la FNSEA lors de récentes manifestations avec la façon brutale et expéditive dont sont traités les syndicalistes CGT d’Air France. Deux poids, deux mesures, illustrés également par ces mots que Manuel Valls a prononcés en 2013 concernant l’affaire Cahuzac : « Déclencher des enquêtes n’est pas ma prérogative. »
Les salariés solidaires de ceux d’Air France
via www.humanite.fr