En réalisant ce film, en ce moment, ici, alors que tous les projecteurs sont braqués sur le drame des migrants, vous réalisez que vous posez là un acte politique ?
Jacques Audiard Si c’est le cas, j’en suis ravi. Il est vrai qu’aller chercher de l’argent pour présenter en grand les invisibles, pour montrer ces gens sans visage, sans papiers, est déjà, en soi, un acte politique. Il est vrai, aussi, que je voulais traiter du regard que nous, les nantis, portons sur les étrangers. J’ai beaucoup pensé, en réalisant ce film, au poème de Prévert Étranges étrangers, et j’ai espéré qu’après l’avoir vu, on puisse se demander, en voyant un Tamoul nous tendre une fleur : « D’où vient ce monsieur ? De quelle histoire, de quel drame sort-il pour être arrivé là ? »
via www.humanite.fr