L’émission était calée de longue date : pour parler des intermittents, nous avions invité le médiateur du conflit, le député PS Jean-Patrick Gille, par ailleurs auteur d’un rapport sur la question rendu l’an dernier et salué par l’ensemble de la profession. L’invitation est fastoche : Gille est député de Tours – ma ville. Je le croise de temps à autre au supermarché. Samedi dernier, il débattait sur notre radio locale, un débat en public avec une salle pleine de copains. J’avais l’impression de revivre 2003, année de grève et de festivals annulés en série. Drôle d’impression que de constater qu’en dix ans rien n’a été réglé.
A l’issue de ce débat, Gille me dit être d’accord pour venir sur notre plateau mais sans garantir que son rapport serait bouclé le jour de l’enregistrement. Le gouvernement lui a laissé quinze jours, il vise une fin de mission pour vendredi voire pour le début de semaine prochaine. Tant pis : nous ferons le point avec lui seul sur un format court puisque – vous l’avez vu – cette semaine nous avions pléthore de sujets. On prévoit donc un tournage jeudi soir à 19h30. Au menu : une explication du schéma plein de bombes que le député a diffusé sur twitter et, bien sûr, une analyse de l’accord signé le 22 mai entre l’Unedic et trois syndicats, objet des crispations des intermittents et notamment sur la question des différés : l’accord prévoit que le délai de carence entre le dernier salaire perçu et le versement de l'indemnisation soit allongé.
Et patatras : jeudi soir, le député est convié à Matignon pour remettre son rapport. Notre idée de départ tombe à l’eau. Gille nous propose de reporter l’émission au lendemain. On regarde l’intervention de Manuels Valls : ok l’accord est agréé malgré les demandes des intermittents mais, histoire de déminer le conflit, l’Etat va prendre en charge le coût du différé et crée une commission ad-hoc pour repenser ce régime spécifique. Valls joue l’apaisement. Mais ça n’a pas l’air d’apaiser Denis Gravouil, de la CGT Spectacle, qui, interrogé par BFMTV, n’est pas du tout convaincu par l’annonce du premier ministre. Impossible du coup d’avoir Gille seul en plateau. Il lui faut un contradicteur. Un coup de fil à la Coordination des intermittents et des précaires d’Ile-de-France : le comédien Samuel Churin accepte notre invitation.
Et c’est un débat plutôt technique qui s’engage, entre deux fins connaisseurs du dossier. Direct Churin critique l’annonce d’une intervention de l’Etat: une vieille demande du Medef selon lui. Le régime doit rester dans une caisse autonome et mutualisée. Gille semble également regretter cette annonce de Valls. Il aurait préféré que les partenaires sociaux se prononcent seuls sur ce sujet. Mais le reste du débat n’est que désaccords. Pour Churin il n’y a pas de déficit, ce n’est qu’un os à ronger pour mieux faire passer la pilule des économies décidées. Son argument : 100 000 chômeurs au régime des intermittents coûtent autant que 100 000 chômeurs au régime général. Le reste de sa démonstration est pointu, Gille ne la comprend pas. La comprendrez-vous ? Si vous êtes perdu, je vous conseille d’aller directement à la fin de l’émission, quand Churin propose de sortir le Medef de l’Unedic. Tout est dit. Gille n’acquiesce pas. Il ne proteste pas non plus. Il joue son rôle de social-démocrate. Ménager la chèvre et le chou.
Je sors de ce plateau avec la même impression que samedi dernier. En dix ans rien n’a changé. Dix ans de discussions pour entendre, une fois l’émission terminée, nos deux invités se quereller sur le montant des indemnités. Querelle de chiffres, querelle de bist
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