Le triangle Ixil au Guatemala est presque exclusivement peuplé par des descendants des Mayas, les Ixils. Durant le gouvernement de Ríos Montt (1982-1983), les autorités décident de "contrôler les populations subversives ixils" sur ce territoire. Les Ixils "collaboreraient" avec des guérillas d’extrême gauche. Pour mettre en place ce contrôle, le plan militaire macabre inclut : déplacements massifs de population, exécutions, disparitions, viols de femmes et de jeunes filles, tortures, bombardements et destructions des habitations.
Un génocide de la communauté ixil a eu lieu : au total 29 000 Ixils déplacés et 1771 personnes assassinées selon un rapport de la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme. Pendant la guerre civile guatémaltèque (1960-1996), il y a eu selon l’Organisation des Nations Unies 200 000 morts et disparus. Durant cette période, plusieurs dictateurs se sont succédés au pouvoir mais le régime de Ríos Montt est le plus sanglant.
Après l'annulation de sa condamnation à 80 ans de prison pour génocide et crime contre l’humanité en 2013, jusqu’à quand l’impunité va-t-elle durer ? Car cela fait tellement longtemps que le feuilleton s'éternise…
En 2013, la justice corrompue du Guatemala a fait annuler sa condamnation pour vice de forme à cause d’un tour de passe-passe des avocats du dictateur. De plus, le procureur général fut évincé avant la fin de son mandat, et il y a eu multiples pressions sur le juge. A l’époque, Yazmín Barrios, magistrate qui a présidé le tribunal qui avait condamné Ríos Montt, avait déclaré dans un entretien à l’AFP (août 2013) : "notre sentence est bien fondée et il n’y avait pas de raison pour l’annuler".
Janvier 2015, c’est la réouverture du procès du dictateur, finalement on le reporte à juillet 2015. Mais il n'a pas encore commencé car depuis quinze jours les manoeuvres pour permettre à l'ex-dictateur d'échapper à son procès se multiplient. Tout est fait pour éviter le déroulement du nouveau procès : la défense a présenté un rapport médical évoquant une "démence sénile". Le parquet et la partie civile le mettent en doute car les examens ont été réalisés "de manière inappropriée".
Et depuis, les avocats de Ríos Montt font tout pour que le prévenu ne se rende pas à l’hôpital militaire pour être réexaminé sur son état de santé mentale. Depuis le début de la procédure, ils en sont déjà à 105 recours, c’est leur tactique de défense : repousser encore et encore le procès de Ríos Montt, âgé de 89 ans.
Pourtant, les victimes et la partie civile (composée d’organisations de défense des droits de l’homme : le centre pour l’action légale des droits de l’homme et l’association pour la justice et la réconciliation) attendent toujours… Rigoberta Manchu (prix Nobel de la paix en 1992) qui était présente aux différents procès, attend aussi. Les victimes disposent également de nombreux soutiens internationaux comme le Collectif Guatemala en France.
José Efraín Ríos Montt fut le premier dictateur de la région à être poursuivi pour génocide. On espérait une nouvelle ère sans impunité après sa condamnation en 2013, mais très vite l’ancien temps est réapparu lorsque son procès a été annulé. De plus, l’actuelle magistrate en charge du nouveau procès, qui va peut-être s’ouvrir un jour, est relativement proche du régime oligarchique et Ríos Montt dispose de nombreuses relations en haut lieu… La fille de l’ex-dictateur, Zury Río, candidate à la présidentielle de septembre prochain dénonce un "acharnement".
Cependant si la justice guatémaltèque est incapable de juger ses ex-dictateurs génocidaires, la partie civile composée d’organisations de défense des droits de l’homme se tourner
via www.humanite.fr