Il faut dire que la Grèce a été, proportionnellement à sa population et à sa superficie, l'un des pays européens les plus touchés par la Seconde Guerre mondiale, ayant subi une double occupation, italienne (1940-41), puis allemande (1941-44). Outre les routes, chemins de fer, usines et autres infrastructures dynamités, plus de 80 villes et villages ont été détruits et leurs habitants assassinés par les nazis, parfois comme simple mesure de représailles.
L'occupation a par ailleurs été synonyme de famine pour une grande partie de la population, la production agricole grecque étant destinée aux troupes du Reich engagées sur le contient africain. Selon Manolis Glezos, qui outre son combat sans relâche dans l'espace public ces dernières années pour faire reconnaître ces dettes allemandes a écrit un ouvrage sur le sujet, Même s'il ne s'agissait que d'un Mark allemand (édition Livani, 2012), 13,5 % de la population grecque a péri pendant la guerre : l'ancien résistant décompte dans son ouvrage quelque 600 000 morts de famine, plus de 56 000 exécutions, et 105 000 déportations sans retour dans les camps de la mort.
Cet ancien résistant, aujourd'hui doyen du parlement européen où il a été élu sous les couleurs de Syriza, est connu en Grèce pour avoir décroché en 1941 le drapeau nazi de l'Acropole. Pour lui, si Athènes n'a rien obtenu jusqu'à présent de Berlin en matière de réparations de guerre, c'est par manque de courage politique des gouvernements grecs. Les lignes ont toutefois commencé à bouger ces trois dernières années. Syriza s'est emparé du sujet, qui rencontre un certain écho dans la société grecque où la mémoire de la Seconde Guerre mondiale et de la guerre civile qui s'en est suivie est encore vive. Face aux questions qui se multiplient au parlement, le gouvernement Samaras finit par admettre… qu'il y a là un sujet.
via www.mediapart.fr