Face à l’évidence du racisme social – Page 4 | Mediapart

La question postcoloniale s’impose alors réellement dans le champ médiatique. Elle est un thème qui fait le tri à gauche, et consacre l’autonomisation d’une mobilisation nouvelle des quartiers populaires. Plus intellectuelle et activiste, parviendra-t-elle à faire défiler des milliers de personnes contre le « racisme d’État structurel » ? Peut-elle faire bouger les choses en se plaçant sous le “marrainage” de l’icône militante noire américaine Angela Davis ?

À la tribune d’un meeting à Saint-Denis début octobre, Sihame Assbague a paraphrasé avec fougue une punchline du rappeur Booba : « On veut pouvoir poser notre cul où on veut, comme Rosa Parks. » La porte-parole du collectif Stop le contrôle au faciès est l’une des principales figures de cette nouvelle génération militante. Diplômée en lettres modernes et en science politique, cette entrepreneuse sociale de 28 ans ne cesse de chercher à nouer de nouvelles alliances, en assumant de vouloir coaliser les « minorés ». Sur les violences policières et la loi renseignement, s'insurgeant contre le contexte sécuritaire post-attentats de janvier, elle et ses amis vont se rapprocher de collectifs de soutien aux Rroms comme du syndicat de la magistrature, mais aussi de militants des libertés numériques, environnementaux ou zadistes.

Pour les organisatrices de la marche des femmes pour la dignité (Mafed), il s’agit de se réapproprier la lutte antiraciste. « On veut la reprendre à ceux qui ne l’envisagent que moralement, expliquait il y a deux semaines la sociologue Nacira Guénif-Souilamas. Il est urgent de repolitiser l’antiracisme moralisé, car sa dépolitisation a permis la montée du racisme d’État, qui a culminé avec le ministère de l’identité nationale. »

via www.mediapart.fr

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