Ils sont incroyables ! Quand nos deux invités Raymond Avrillier et Hervé Lebreton quittent nos bureaux, l’ensemble de l’équipe est bluffé : simples citoyens, ils ne lâchent rien. Ils vont chercher la petite bête mus par la même volonté de savoir ce qui est fait de l’argent public. Comment est-il dépensé. Ou parfois détourné à des fins d’enrichissement personnel. Le spectre est large: ce peut-être des dépenses de campagne remboursées par l’Etat ou la réserve parlementaire utilisée par les députés et les sénateurs pour financer des projets de collectivités locales. La réserve parlementaire ? Elle est désormais publique – je vous en avais parlé là – mais Lebreton nous apprend sur le plateau qu’elle demeure hors-la-loi.
Le jeune prof de math et président de l'assocation Pour une démocratie directe n’en restent pas là : il nous apprend beaucoup. Saviez-vous que certains parlementaires achètent leur permanence avec leurs indemnités et oublient de rendre le bien immobilier une fois leur mandat terminé ? Vous le saviez peut-être si vous êtes un lecteur assidu de notre site car nous en avions parlé ici mais moi, j’avoue, j’avais oublié. On apprend aussi que le citoyen peut déposer la propre loi – il suffit pour cela de déposer une pétition auprès de l’Assemblée. Lebreton a essayé mais sa démarche n’a pas abouti. Pas encore. Avec de l’acharnement un jour, peut-être. Pourtant, s’étonne-t-il, c’est écrit dans la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, à l’article 6 exactement : "la Loi est l'expression de la volonté générale. Tous les Citoyens ont droit de concourir personnellement, ou par leurs Représentants, à sa formation".
Cette déclaration issue de la Révolution est également la sève d’Avrillier : lui se réfère à l’article 15 qui dit que "la Société a le droit de demander compte à tout Agent public de son administration". C’est d’ailleurs Avrillier qui nous a inspiré cette émission dès notre retour de Grenoble où nous avions couvert les élections municipales. J’avais longuement discuté avec l’homme. Une mine. Très pédago. Vous, journalistes, devriez davantage solliciter la Commission d'accès aux documents administratifs, dite la Cada. Certes ça demande du temps. Et une certaine technique de l’écureuil, autrement dit amasser les preuves sans chercher à tout prix le scoop. Sortir les affaires au bon moment. J’avais pris une leçon.
Pour compléter le plateau, nous avons sollicité le sociologue Pierre Lascoumes. La corruption est son domaine de prédilection. En le contactant, il m’a renvoyé vers ses enquêtes sur les réactions sociales à la corruption. Pas eu le temps de les évoquer pendant l’émission – pourtant très longue. Mais ses conclusions sont surprenantes : un tiers des personnes interrogées répondent non à la question "si vous étiez au courant d’une affaire de corruption la dénonceriez vous ?" La moitié d’entre eux se justifie en disant qu’ils n’aiment pas dénoncer. Les autres estiment que c’est inutile (18,5%) ou dangereux (15,4%) ou qu’ils ne savent pas à qui dénoncer (7,9%). Cette étude montre que, non, l’engagement citoyen de nos deux autres invités n’est pas partagé par tous. Ou pas partageable par tous. Nous ne sommes pas tous calibrés pour être des empêcheurs de tourner en rond – ou plutôt de travers vu l’ampleur de la corruption.
Et pourtant on devrait. Les deux hommes nous y invitent chacun avec ses mo
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