Dépénalisation du cannabis (1/6). Le Colorado, fier d’être un laboratoire – Page 1 | Mediapart

Comme l’indique le grand panneau d’affichage vert délavé, sur le parking, le 3D Cannabis Center est un « dispensaire discret ». Une grande bâtisse sans charme, installée entre des garages et des hangars, en bordure d’une route nationale, l’une des nombreuses voies rapides encerclant ou traversant Denver, capitale du Colorado. À l’intérieur, c’est une véritable ruche. Quarante employés s’affairent dans quelque 1 000 m2 dédiés au cannabis, de la culture à la vente. Une fois montré patte blanche – une carte d’identité –, les adultes de plus de 21 ans peuvent rejoindre la file d’attente afin d’acheter, en toute légalité, de la marijuana. Il y en a pour tous les goûts. Une cinquantaine de marijuanas aux “saveurs” différentes, plus ou moins puissantes selon leur dosage en THC (substance pharmacologique qui produit les effets du chanvre), sont vendues sous forme de joint pré-roulé, au gramme, dans des bonbons, des gâteaux, des sodas et même des savons ou des pommades « antirhumatismes ».

Dans le 3D Cannabis Center, à Denver.Dans le 3D Cannabis Center, à Denver. © Iris Deroeux

Pas question de consommer sur place, en revanche. Denver n’est pas Amsterdam, il n’y a pas de coffee shops autorisant la marijuana dans le Colorado, du moins pas encore. Car le premier État américain à avoir légalisé le cannabis connaît des bouleversements quasi quotidiens. Depuis l’entrée en vigueur des lois légalisant l’usage récréatif de la marijuana, en janvier 2014, l’industrie grossit à vitesse grand V, les règles changent et s’adaptent continuellement et derrière les portes discrètes de ces « dispensaires », on sent une certaine surexcitation.

Toni Fox, à la tête du 3D Cannabis Center.Toni Fox, à la tête du 3D Cannabis Center. © Iris Deroeux

Toni Fox, à la tête du 3D Cannabis Center, veut nous montrer le centre sous son meilleur jour : propre, sérieux, parfaitement réglementaire. Et extrêmement rentable. La fondatrice des lieux, dont le commerce précédent était de vendre des fontaines, nous promène à travers un dédale de couloirs et de pièces, « une ancienne salle des fêtes », tout en livrant son premier bilan. « Avec mon mari, on a commencé par vendre de la marijuana médicale, en 2010. Mais la concurrence est rude, il y a plus de 500 dispensaires à Denver. On s’est donc entièrement convertis à la marijuana à usage récréatif en janvier dernier. Et on a fait plus de profit en trois mois qu’en trois ans. Désormais, on génère près de 10 000 dollars par jour, avec une moyenne de 150 clients quotidiens, dont 60 % sont des touristes », raconte-t-elle, sourire aux lèvres, tout en gardant l’œil sur les opérations en cours. Un homme rentre, lui demande quand ils pourront prendre le temps de discuter : « C’est mon imprimeur, il veut s’y mettre lui aussi, nous glisse-t-elle. Tout le monde veut s’y mettre. »

On repart de là légèrement assommée par toutes ces informations et l’odeur lourde de cannabis qui emplit les lieux, mais de plus en plus intriguée par ce qui est en train de se dérouler ici. Le Colorado s’est lancé dans une expérience inédite en légalisant la culture, la vente et la consommat

via www.mediapart.fr

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