Denis Pingaud éreinte le pseudo sondage manipulateur du Figaro/Opinion Way concernant François Hollande

Le Hollande bashing ne recule devant aucune méthode, aussi grossière soit-elle. Voici désormais un sondage, réalisé par OpinionWay pour le Figaro Magazine, qui prétend nous éclairer sur les souhaits des Français pour la présidentielle de 2017. Et qui conclut – triomphant ! – que, parmi quelques candidats socialistes potentiels, celle de François Hollande n’est souhaitée que par 3 % d'entre eux et 15 % des sympathisants socialistes. Une manière de prouver le rejet du Président par les électeurs et de maintenir la pression d’une campagne visant, à terme, à demander sa démission. Sauf qu’un tel sondage est juste ridicule, dans son intention, son questionnement et même son protocole.

Un questionnement singulièrement étrange

Demander aux Français de se prononcer pour le meilleur candidat socialiste possible à l’élection de 2017 est évidemment absurde, et manipulateur, dans le contexte politique actuel particulièrement difficile pour la majorité. Chacun sait par ailleurs que, face au Président, le nouveau Premier Ministre bénéficie encore d’un effet de popularité lié à sa fonction précédente de ministre de l’Intérieur ou que comparer les deux membres du couple exécutif, en proie aux remontrances de l’opinion devant les difficultés économiques et sociales, à Martine Aubry, volontairement repliée sur ses terres lilloises, n’a guère de sens. L’enquête présuppose un mauvais résultat pour François Hollande et parvient à ses fins !

Et puis, le questionnement est singulièrement étrange. Il consiste à demander à des personnes majoritairement hostiles, nécessairement vent debout contre celui qui incarne aujourd’hui la politique de la France, leur préférence en matière de candidature socialiste en 2017. Cela aboutit à des réponses biaisées, notamment parce que les opposants répondent en fonction de leurs propres objectifs partisans. Et en mettant en concurrence cinq personnalités, le score de la cible principale ne peut que baisser. La question eût été simplement «Souhaitez-vous que François Hollande se représente en 2017 ?», le résultat aurait probablement ressemblé à la cote de confiance actuelle du Président. Ce qui n’aurait pas été un scoop pour le Figaro Magazine !

Un protocole technique assez pauvre

Enfin, les données publiques de l’enquête, réalisée auprès d’un échantillon de 2 502 Français, ne permettent pas de connaître le nombre de «sympathisants socialistes» interrogés. Mathématiquement, compte tenu des résultats comparatifs de François Hollande auprès de l’ensemble des électeurs, ces derniers ne peuvent pas être plus que 500. C’est peu comme base de travail. Même dans cette hypothèse, pour que François Hollande recueille 15 % d’avis préférentiels dans sa famille politique et seulement 3 % auprès des Français, cela suppose qu’il ne recueille aucune réponse positive dans les 2 000 interviewés ne se déclarant pas proches du PS…

Bref, il s’agit d’un sondage de circonstance, de complaisance et de facture technique assez pauvre. Personne ne s’étonnera que le Président de la République ne suscite pas l’enthousiasme pour 2017 : sa très faible popularité actuelle est un problème majeur pour son exercice du pouvoir. Mais de là à inventer des questions ridicules et orientées pour tenter de prouver son illégitimité, il n’y a qu’un média militant et un institut complaisant pour le faire. Cela ne grandit pas le débat démocratique secoué en permanence par une course effrénée à l’information et un usage immodéré des sondages d’opinion.

via communication.blogs.liberation.fr

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