Décrypter l’extrême droite néonazie grecque, avec Dimitris Psarras (en conférence le 11 juin 2014 à la Bourse du Travail de Paris)

l n'y a pas eu que des bonnes nouvelles au soir du 25 mai en Grèce. Si la gauche radicale arrive en tête et si l'extrême droite y a moins de poids qu'ailleurs sur le continent, reste que les néonazis enregistrent une nouvelle progression. Aube Dorée (Chryssi Avgui en grec) détenait, depuis juin 2012, 18 sièges de députés à la Vouli, le parlement grec. Désormais, elle comptera également 3 sièges d'eurodéputés à Strasbourg. Et ce, alors que son dirigeant et cinq autres parlementaires sont incarcérés depuis octobre dernier, et qu'au total, la moitié du groupe parlementaire à Athènes est inculpée et se trouve dans l'attente de son procès.

Depuis l'assassinat du chanteur Pavlos Fyssas le 18 septembre dernier par un membre d'Aube Dorée et le sursaut de la justice qui s'en est suivi après des années d'impunité, l'organisation néonazie est dans le collimateur des autorités grecques et les subventions publiques que percevait le parti en tant que formation représentée au parlement ont été coupées. Mais cela n'a pas empêché les élus poursuivis de se présenter (comme Ilias Kassidiaris, député et porte-parle du parti, qui était candidat à la mairie d'Athènes ou encore Ilias Panagiotaros, candidat à la tête de la région de l'Attique), ni les électeurs de voter pour eux. Dans un pays dévasté depuis quatre ans par une crise et une cure d'austérité sans précédent à l'échelle de l'Union européenne, le vote néonazi apparaît comme un exutoire pour de plus en plus de citoyens grecs.

L'ouvrage de Dimitris Psarras sort ces jours-ci dans les librairies françaisesL'ouvrage de Dimitris Psarras sort ces jours-ci dans les librairies françaises

Dans son ouvrage Aube Dorée, Livre noir du parti nazi grec, dont nous avions traduit quelques extraits au moment de sa sortie en grec, en octobre 2012, Dimitris Psarras remonte le fil d'une organisation née dans les années 1980, dans le sillon de la défunte dictature des Colonels. Il y montre les resorts d'une formation qui, si elle a prospéré sur la misère sociale et la profonde perte de repères infligée aux classes moyennes grecques ces quatre dernières années, n'est en réalité pas nouvelle dans la péninsule héllène. Parti ultranationaliste qui revendiquait ouvertement dans les années 1980 sa filiation nazie et dont les cadres sont liés au parakratos, cet Etat profond, Aube Dorée avait certes une audience politique limitée jusqu'en 2012. Mais il était très actif quand il s'agissait de s'attaquer aux militants de gauche et aux immigrés ou de palabrer sur les plateaux télé, comme le raconte Dimitris Psarras qui fait le tableau d'un parti structuré autour du Chef, Nikolaos Michaloliakos, une figure immuable depuis trois décennies, une transposition du Führerprinzip hitlérien au mode d'organisation interne d'Aube Dorée.

Aujourd'hui, grâce à la traduction de Panos Angelopoulos, toute cette histoire est accessible aux lecteurs francophones. Le livre dans sa version française sort ces jours-ci aux éditions Syllepse, une publication rendue possible grâce à une collecte menée par plusieurs réseaux militants – Attac, Espaces Marx et l'Institut CGT d'histoire sociale, entre autres. L'excellent Dimitris Psarras, journaliste d'investigation, ancien d'Elefthérotypia et co

via blogs.mediapart.fr

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