Au départ, en 2008, il s’agissait d’une crise financière, née aux Etats-Unis et s’étendant au monde entier. Le capitalisme financier et bancaire s’en est sorti, plutôt bien, apparemment, et la crise s’est alors comme déplacée pour devenir celle d’Etats proches de la faillite, à commencer par la Grèce.
Il fallait retrouver le chemin de la rigueur budgétaire et de l’austérité, condition nécessaire au retour à la croissance, du moins aux yeux de Bruxelles. Chômage, exclusion, précarisation à la hausse : en Europe, plus que dans n’importe quelle autre partie du monde, et sa partie méridionale et latine, plus qu’au Nord, la crise est devenue en effet économique et sociale, et les comparaisons avec 1929 sont allées bon train.
Puis sont venues les élections européennes de 2014, marquées par de forts taux d’abstention et par la poussée des droites nationalistes et populistes.
Du coup, la crise a revêtu deux visages supplémentaires.
- D’une part, celui d’une panne de l’idée européenne, et de son expression concrète, l’Union, critiquée pour son incapacité à assurer la reprise économique, et pour son fonctionnement techno-bureaucratique, au plus loin des citoyens.
- D’autre part, celui du déclin des systèmes politiques contemporains. Au désaveu général des élites politiques, vite taxées d’impuissance et de corruption – « tous pourris » –, s’est ajoutée l’image de partis et de responsables en place installés dans des idéologies et des modes de fonctionnement interdisant de penser une réelle opposition entre gauche et droite, et favorisant finalement l’accroissement des inégalités et l’abandon des couches populaires.
La France a connu toutes ces étapes. Malheureusement, la décomposition ne s’arrête pas là : nous sommes en effet entrés dans une nouvelle phase de la spirale de la destruction et de l’autodestruction. La France semble incapable de se projeter vers l’avenir, elle est tétanisée par l’absence de vision forte, par le déficit de repères, de sens. Mais sommes-nous condamnés à l’impuissance intellectuelle, à la paralysie, menacés d’être livrés aux seules forces du nationalisme, du populisme, ou du cynisme ?
L’institution présidentielle en péril
Jusque-là, notre pays semblait capable de résister au pire grâce à certaines de ses institutions. La justice par exemple, malgré les critiques, n’était pas défaillante. Et surtout l’institution présidentielle, clé de voute de la Cinquième République, tenait bon.
Du coup, les dimensions morales de la crise menaçaient, certes, mais le pays était capable d’affronter la mise en cause des valeurs les plus fondamentales du vivre-ensemble par la méfiance, le racisme, la xénophobie, les pulsions de haine et de violence, l’individualisme forcené tournant au cynisme et à l’égoïsme, le triomphe de l’argent-roi.
Mais nous n’en sommes plus là.
Le président actuel est au plus bas dans l’opinion. Il n’est pas nécessaire ici d’en dire plus, sinon qu’au delà de la personne de François Hollande, la disqualification est aussi celle de la fonction qu’il incarne. Et Nicolas Sarkozy son prédécesseur, mis en examen, se présente en victime et prépare une éventuelle rentrée politique en apportant sa contribution à la dé-légitimation de François Hollande : en lui attribuant une responsabilité dans la dénonciation des
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