Après la conférence de François Hollande mercredi, France 2 organisait un débat au cours duquel François Bayrou a tenté, avec succès, de déclencher les rires et l’approbation d’une salle ignorante grâce à un gros mensonge sur le Code du travail. Indigne.
Dans un effet de manches ne craignant pas de sacrifier à la démagogie, après une demi-heure d’émission, jouant son petit numéro bien préparé, il a sorti de son cartable noir ce qu’il a présenté comme le code du travail suisse, une brochure jaune d’une centaine de pages, attribuant à cette maigreur le petit 4 % de chômage dans ce paradis fiscal. Puis, mesurant son impact, il a sorti le gros code du travail français et l’a jeté avec dégoût sur la table, ironisant sur ses « 3000 pages », ce qui a provoqué ce qu’il était venu chercher : rires et applaudissements, au point que David Pujadas a du mettre le holà, tandis que François Bayrou insistait en invitant l’assistance à l’ovationner.
Il était tout heureux de son coup, assuré qu’il était du succès, déjà bien rodé : chez Ruquier (17 mars 2013), jouant la même scène, avec le même geste consistant à jeter le code du travail sur une table, le leader du Modem avait recueilli des applaudissements nourris, sans qu’un chauffeur de salle ait eu à donner le signal de la claque.
Même scène, mêmes gestes : sur France 2 le 18 septembre, et en médaillon chez Laurent Ruquier, toujours sur France 2 le 17 mars 2013 [captures d'écran, montage YF]
Ce 18 septembre, au cours d’un autre débat qui suivit, avec journalistes et philosophes, tous s’accordèrent pour dire qu’il avait raison. Le très « libéral » François Lenglet, qui a lui-même procédé de la même façon, un soir, sur le plateau du journal de France 2, estimait que la grosseur de ce code était la cause de recrutements actuels à 90 % en CDD (au lieu de CDI), Olivier Duhamel, actuellement avocat, proche du PS et tenant une chronique « Vu de gauche » dans l’hebdo de la droite extrême (Valeurs actuelles) lui emboîtait le pas. Quant à Alain Finkielkraut, il réclamait, pour les employeurs, le pouvoir de licencier sans entraves. Il ne restait plus qu’à l’histrion du PAF (Frantz-Olivier Giesbert) à faire son numéro habituel en faveur du libéralisme dont il regrette qu’il ne soit pas implanté en France.
Geste obscène
Seul Michel Onfray a sauvé l’honneur, en condamnant avec la plus grande fermeté l’attitude de François Bayrou : « c’est une honte pour les travailleurs, c’est un geste obscène de la part de François Bayrou », car le code du travail c’est ce qui protège les travailleurs.
En effet, cela méritait d’être dit. C’est à ce genre de scène que l’on mesure dans quel avilissement la France est en train de sombrer. Sur les plateaux de télévision, on ne voit désormais presque que les valets du libéralisme économique (c’est-à-dire, dit Onfray, « le marché qui fait la loi ») et donc personne pour défendre les droits des salariés, des travailleurs, et encore moins les droits de ceux qui ont été jetés hors du travail et doivent vivre d’allocations ou d’aides sociales.
Pire : on ne craint pas de tromper gravement le téléspectateur. François Bayrou, François Lenglet savent qu’ils mentent en comparant le code suisse et le code français : le code suisse ne reprend pas la totalité de ce qui régit le travail. D’autres textes sont répartis, entre autres, dans le code des obligations, dans la Loi sur la participation. Par ailleurs, les accords de branche et les (2000) conventions collectives ont un rôle juridique et réglementaire considérable dans un pays moins jacobin que le nôtre.
Quant au code que François Bayrou ne cesse d’agiter devant les caméras et des auditoir
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