C’était la deuxième semaine d’octobre passé quand la nouvelle est tombée en Espagne comme une bombe : l’Allemagne paye -encore aujourd’hui (!)- des pensions aux fascistes espagnols qui ont combattu aux côtés de la Wermacht à Stalingrad ! À la suite de cette révélation, l’un après l’autre, presque tous les journaux espagnols déterraient des semaines durant le passé douloureux et consacraient nombre d’articles à l’infâme Division Azul (Division Azure) et ses 37 000 volontaires qui, avec la bénédiction du dictateur Franco, se sont trouvés il y a 73-74 ans en Russie pour prêter main forte à l’Allemagne nazie et à sa tentative d’écraser le… bolchevisme !
Le protagoniste, mais aussi le responsable de ce retour inattendu à un passé qu’on croyait définitivement exorcisé, est Andrej Hunko, le député de Die Linke, qui a révélé le scandale par son initiative de demander des explications à la Chancelière Merkel. Connaissant les combats de l’ami Andrej pour la défense des droits du peuple grec, nous osons dire que la motivation première de ses questions parlementaires au gouvernement allemand n’était pas de faire révéler au grand public un, mais plutôt deux scandales : celui, bien visible, du paiement, par l’État allemand, des pensions aux fascistes espagnols, mais aussi d’un autre moins visible, celui du refus permanent de l’État allemand de dédommager les citoyens grecs victimes des atrocités nazies !
Malheureusement, la nouvelle que le gouvernement allemand paie les fascistes espagnols qui se sont battus aux cotés de l’armée nazie |1| en même temps qu’il refuse obstinément de payer des dédommagements aux victimes grecques de la même armée nazie, ne semble pas avoir provoqué l’émoi tant des autorités que des médias grecs. Aucune réaction, et pire, absolument rien pour informer l’opinion publique grecque. Seulement un silence total et assourdissant…
Pourtant, ce scandale des scandales ne peut pas rester sans suite. Alors, puisqu’il concentre et combine en lui tous les problèmes de nos temps, le passé cauchemardesque avec un présent et un avenir non moins menaçants, c’est à tous ceux, citoyens grecs, allemands et espagnols qui se sentent directement intéressés, de lui donner la suite qu’il mérite. Et le premier pas vers cette direction est l’interview qui suit. En donnant la parole à Andrej Hunko nous espérons que, cette fois, le mur du silence sera brisé et les réactions seront à la hauteur des circonstances si critiques…
Interview de Andrej Hunko, député de Die Linke, qui a révélé ce scandale
Yorgos Mitralias : Quelles ont été les questions parlementaires que tu as adressées au gouvernement allemand concernant les pensions qu’il continue de payer aux vétérans espagnols de la Division Azul et quelle a été la réponse officielle de ce gouvernement ?Andrej Hunko : Nos questions au gouvernement allemand sur les paiements à des anciens membres de la Division Azul concernaient la somme versée et le nombre des gens qui en ont bénéficiée. Nous voulions savoir la somme d’argent que l’Allemagne paye à ces collaborateurs des nazis et quelle a été l’évolution de cette somme depuis que l’accord bilatéral relatif à cette affaire a été signé en 1962 et ratifié en 1965.
Les réponses ont mis en lumière le fait que l’Allemagne continue jusqu’à aujourd’hui à payer plus de 100 000 euros par an à 41 anciens membres de la Division Azul ainsi qu’à neuf survivants de
via cadtm.org