HD. Votre ouvrage s'ouvre par une dédicace: « À Yanis Varoufakis qui n'a pas tout à fait perdu, et à Wolfgang Schäuble (ministre des Finances allemand) qui ne gagnera jamais vraiment. » C'est votre façon de prendre position sur la crise grecque?Bruno Gaccio. C'est ma façon de rappeler qu'il y a une autre politique possible, différente de celle que l'on mène actuellement en France ou en Europe. Mais c'est une politique dont les « gentils organisateurs » de l'Union européenne ne veulent pas entendre parler. Si Alexis Tsipras a finalement accepté le pan de rigueur, c'est qu'on lui a tordu le bras avec une puissance telle qu'il s'est vu dans l'incapacité de résister. Aujourd'hui, ce n'est plus le gouvernement grec qui décide de la politique à mener en Grèce, mais la troïka. Il n'y a pas un économiste sensé qui pense sérieusement que les Grecs pourront un jour rembourser leur dette, mais les «gentils organisateurs » de l'Europe s'en fichent. Ils s'obstinent à perpétuer un système dans lequel la finance a tous les droits. Ce sont les banquiers et les instituts de crédit qui dirigent le monde.HD. Pour décrire le capitalisme financier, vous écrivez: « C'est le meurtre de sang-froid de la démocratie par des conseils d'administration que personne n'a jamais élus. » C'est brutal !B.G. C'est le système économique qui est brutal. Les « gentils organisateurs » évaluent toute politique en terme d'« efficacité », appliquons ce critère pour juger du libéralisme. Nous vivons dans un système qui fait que ma mère de 80 ans, aprèsB. G. C'est le système économique une vie de boulot au cours de laquelle elle a laissé un doigt dans une imprimerie (sa mère était papetière NDLR), touche 900 euros par mois. Ce système ne fonctionne pas. On nous dit que c'est le meilleur des systèmes. C'est faux. C'est le seul que l'on fait exister aujourd'hui. Pour résumer, je dirais que ce qui existe actuellement ne fonctionne plus mais que ce qui pourrait marcher n'est pas encore là. Nous vivons dans un entre-deux, période extrêmement inconfortable parce que c'est là que le pire s'exprime. Les peurs guident les gens, les fausses idées font leur chemin… et les complicités avec le système se créent. Certains font allégeance aux « gentils organisateurs ».HD. À qui pensez-vous ? Aux socialistes au pouvoir ?B. G. (Il se marre) Par exemple. Emmanuel Macron, pour moi, est un travesti. Il a mis un costume de
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