Le marteau s’est abattu. Un coup assourdissant, encore plus terrifiant que le précédent, il y a dix mois. Ensanglantant une fois de plus Paris : au moins 129 morts, une centaine de blessés dans un état très grave. Ce vendredi 13 novembre, entre 21h20 et 21h50, la capitale française et sa banlieue nord ont été attaquées en six endroits différents. Au moins sept personnes ont tué méthodiquement (écouter ce témoignage sur le Bataclan).
Les cibles étaient des hommes et des femmes attablés à des terrasses de cafés et de restaurants des quartiers du multiculturel Est parisien, des spectateurs et spectatrices d’un concert de rock californien du Bataclan – proche de la place de la République où se tient traditionnellement nombre de rassemblements de solidarité – et d’une rencontre amicale de football au Stade de France, en Seine-Saint-Denis, département le plus pauvre de France. Vu de l’étranger, c’est « le cœur du Paris progressiste, pas les Champs-Élysées ou Notre-Dame, fréquentés par les touristes, ni la rive Gauche, bourgeoise et conservatrice » qui a été visé (lire ici en anglais).
L’échec de la guerre contre le terrorisme
Comme partout où sévissent les fanatiques de l’État islamique, ce ne sont pas les symboles d’une domination ou d’une oppression – militaire, économique ou politique – qui sont frappés. En Turquie, c’est une manifestation du parti de gauche kurde HDP (102 morts le 10 octobre à Ankara) ou une délégation de jeunes socialistes se rendant par solidarité en Syrie (31 morts le 20 juillet à Suruç). A Beyrouth ou Bagdad, ce sont des marchés très fréquentés (76 morts à Bagdad le 13 août) et des rues commerçantes (37 morts à Beyrouth le 10 novembre) qui ont été ciblés. Les 128 morts de Paris allongent cette macabre liste des pseudos « croisés » et « mécréants » que les communicants de l’État islamique se vantent d’avoir tués.
L’objectif ? Faire basculer ce que le groupe terroriste considère comme des dominos. L’État islamique a prospéré sur le chaos irakien généré par la guerre contre le terrorisme de George W. Bush, lancée en 2003. Une guerre dont l’échec est patent, douze ans après son déclenchement : « Jamais autant d’attentats n’ont été commis — souvent dans les pays musulmans eux-mêmes ; récemment encore, l’attaque contre l’avion russe au-dessus du Sinaï ou les attentats à Beyrouth dans une banlieue populaire. Jamais non plus autant de personnes, majoritairement des jeunes, ne se sont engagés dans des groupes extrémistes, qu’il s’agisse d’Al-Qaida ou de l’OEI, convaincus qu’ils sont de participer à une résistance contre l’agression internationale visant le monde musulman », rappelle le site Orient XXI. Il serait grand temps de débattre des bilans des interventions françaises en Libye, au Mali et en Irak.
via www.bastamag.net