ASI : à propos de Pétain, des Juifs français et européens, un entretien avec Marc Ferro et Denis Peschanski


integrale-petain-Acte-1 par asi

Etrange émission : avec 2 historiens réputés, à partir des débats récents, dont les propos de Zemmour. Peschanski explique s'exprimer, "contre" Zemmour, y compris en niant tout débat avec lui parce qu'il n'est pas historien. Or celui-ci parle comme un pétainiste de 2015 : Pétain a protégé les Français et notamment les juifs français. Et en réponse à cela, nos deux historiens se retrouvent être mollassons et fatigués. Comme lorsqu'il s'agit de la Chambre qui a voté les pleins pouvoirs : Peschanski n'est jamais parvenu à dire ce qu'il laisse entendre pourtant, à savoir que c'est la droite (assemblée nationale + sénat) qui a voté les pleins pouvoirs à Pétain, avec la collaboration de certains de la SFIO, mais donc, ce n'est pas la gauche qui a voté ces pleins pouvoirs, ne serait-ce que parce que les élus communistes étaient interdits de siéger depuis plusieurs mois déjà. Et comment s'étonner que "les pleins pouvoirs", le lendemain, permettent de mettre en place une dictature, qui va collaborer avec une autre dictature ? Oui, comme Blum l'a dit, les nervis de Pétain ont menacé. Ils se sont préparés pendant des mois à cette journée décisive, en plus de celles de Bordeaux (juin). Mais comment comprendre que ces deux historiens aient l'air d'ignorer les liens de Pétain avec la Cagoule ? sa rencontre en 1939 avec l'ambassadeur allemand en Espagne ? Enfin, concernant la politique antijuive du régime de Pétain, j'ai été très surpris par l'absence de développement sur l'aryanisation des biens juifs. N'est-ce pas une attaque radicale contre des personnes, que, dans un Etat qui défend partout la propriété privée, il soit permis à des individus de voler/piller, y compris par des actes d'achat sans rapport avec les valeurs des objets ? Et les camps partout en France ? Et les arrestations, dont la plus célèbre, avec la rafle du Vel d'Hiv ? Si les Juifs français n'ont pas été AUTANT exterminés que l'ont été les Juifs de Pologne, ou de Grèce, ils le doivent à une série de facteurs, indépendants de la volonté du régime pétainiste : le fait que bien des Juifs français aient fui, se soient cachés, se soient engagés dans la Résistance; que les Nazis, malgré toute leur "volonté", ne pouvait liquider en quelques mois toute la population juive européenne, puisqu'ils avaient déjà beaucoup à "faire" avec celle d'Europe centrale; et que si le sort de la guerre leur avait été favorable, les non-assassinés l'auraient été. Le processus était là. Les dirigeants français l'approuvaient. La milice a été installée pendant la guerre pour y contribuer. Et de tout cela, ces deux grands historiens n'ont pas dit un mot, n'ont pas su en parler. Il y a lieu d'être tout autant intrigué par leurs raisonnements sur le sujet de "la politique sociale" du régime. M. Schneidermann s'étonne. Il cite, cumule : ils ont fait ceci, ils ont fait cela. Oui, MAIS POURQUOI ? Certes, le fait que cette extrême droite était "sociale" quand celle de notre époque est "libérale" y a contribué, mais ce n'est pas l'essentiel. Si ce régime a pris des décisions parfois "favorables" à la population, il ne faut pas oublier que : ce régime avait besoin de trouver du soutien dans la population, et ce n'était pas facile; ensuite, prendre des décisions "positives", quand on n'a pas les moyens de les mettre en oeuvre, cela ne coûte rien, mais permet de prétendre aux yeux des travailleurs que l'on fait des choses pour eux. Et susciter cette "croyance" était une intention fondamentale pour ce régime : sans cette once de prétention, il se révélait tel qu'en lui-même, un deuxième Etat nazi en Europe. Parce que, pendant que ce régime jouait à cette comédie, les Français modestes morflaient, avec le rationnement de tout.

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