Depuis le lancement de L’Opinion (un quotidien papier et un site web), en mai 2013, Nicolas Beytout a toujours refusé de dévoiler qui finance son quotidien « libéral, pro-européen, pro-business », comme il le définit lui-même. Mediapart est en mesure de révéler que les deux tiers des fonds ont été apportés par les deux plus grandes fortunes françaises. Bernard Arnault, déjà propriétaire du quotidien économique Les Échos, a investi au total six millions d’euros via une filiale discrète du groupe LVMH. Il est suivi de près par la famille Bettencourt.
C’est ce qu’indiquent les documents que Bey Médias, la société éditrice de L’Opinion, vient de déposer au tribunal de commerce de Paris, après avoir bouclé le 18 juillet une augmentation de capital de 4,5 millions d’euros (voir ci-dessous). Elle avait déjà réuni 12,3 millions d’euros lors de sa levée de fonds initiale, en 2012. Outre Bernard Arnault et les Bettencourt, elle a pu compter sur le soutien d’investisseurs minoritaires comme les propriétaires de Bic ou les Galeries Lafayette.
L’Opinion est le seul quotidien à dissimuler l’identité de ses actionnaires. C’est pour ne pas faire d’ombre au journal que ceux-ci auraient choisi la discrétion, justifie Nicolas Beytout, contacté par Mediapart : « C’est un journal d’opinion, engagé, il y avait [parmi les investisseurs, ndlr] un certain nombre de gens qui n’étaient pas là pour des raisons politiques, mais pour participer à un projet de presse et au développement d’une nouvelle expérience. »
La présence des Bettencourt au capital de L’Opinion avait été révélée par Mediapart dès juillet 2013 (lire ici). Le nom de Bernard Arnault avait circulé lors du lancement du quotidien, mais le patron de LVMH avait fait démentir les informations du Monde, qui évoquait déjà un investissement de six millions d’euros. Seul Claude Perdriel, à l’époque encore propriétaire du Nouvel Observateur, avait annoncé publiquement avoir investi « quelques centaines de milliers d’euros ».
via www.mediapart.fr