Pesant à eux trois près de 700 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2014, Carrefour, Tesco et Walmart comptent respectivement 380 000, 510 000, et 2,2 millions de salariés directs. Mais lorsqu’on considère leurs effectifs « indirects », à savoir la main d’oeuvre de leurs fournisseurs et sous-traitants, leur force de travail apparaît bien plus élevés : 1,1 millions de travailleurs pour Carrefour, 2,1 millions chez Tesco (présent dans 70 pays, notamment en Asie), et 10 millions à Walmart. Or, ces « travailleurs invisibles » des chaînes d’approvisionnement ne bénéficient pas des mêmes droits des salariés directs. C’est en tout cas ce que met en avant le rapport « Scandale. Dans les chaînes d’approvisionnement globales de 50 entreprises mondiales », publié récemment par la Confédération Syndicale Internationale.
Cas de sous-traitants soupçonnés d’esclavage
L’étude rapporte que Walmart et Tesco ont été épinglés pour avoir travaillé avec des fournisseurs asiatiques employant des travailleurs birmans et cambodgiens maintenus en état d’esclavage. C’est le cas notamment de la filière des produits de la mer thaïlandaise, comme le montrait ce rapport d’Action Aid et Finnwatch et ce reportage multimédias d’Altermondes sur les conditions des travailleurs migrants du secteur. Malgré les révélations, tant Wallmart que Tesco on maintenu leur lien avec des fournisseurs comme Food CP ou Thaï Union Group.
Laxisme dans l’évaluation des sous-traitants
Globalement, l’étude pointe les défaillances des audits des fournisseurs et sous-traitants travaillant pour les trois firmes. L’année dernière par exemple, près d’un tiers des audits de Carrefour a révélé que certains de ses fournisseurs violaient le droits de travailleurs en matières de santé, de sécurité et de temps de travail. Quant aux salaires, l’enseigne n’a pas réussi à faire converger ses sous-traitants vers le seuil du salaire vital. La multinationale anglaise Tesco s’en sort à peine mieux. Comme témoignait le coordinateur de la campagne Banana Link sur Altermondes, Tesco est devenu le premier acteur de la grande distribution à garantir un salaire vital aux travailleurs de la filière banane dès 2017. Mais ces conditions ne s’appliquent toujours pas à d’autres filières, comme celle du textile et habillement.
S’abonner
Connexion
0 Commentaires