Ce 22 février, Agnès Lassalle a perdu la vie, en classe, parce qu’un élève s’est levé, et l’a frappé avec un couteau. Cette professeure d’espagnol a été, selon le procureur de la République, assassinée, ce qui implique l’évaluation d’une préméditation. L’adolescent qui a commis l’irréparable affirme qu’une voix lui a suggéré ou intimé d’accomplir cet acte. Une telle affirmation impliquerait un état mental problématique, sauf à considérer qu’il s’agit d’emblée d’une défense habile, réfléchie en amont. Mais cet élève ne se serait pas levé s’il avait grandi dans un monde où les professeurs étaient autant respectés que les autres travailleurs. Or, ces 25 dernières années, depuis le terrible ministre Allègre jusqu’à l’actuel Ministère, une alliance s’est objectivement constituée entre des médias de « commentaires », comme l’émission, radio et télé, dite des « GG », l’Etat, et une partie de la population, « libérale » pour pratiquer ce que les anglo-saxons appellent un « bashing », autrement dit une vague d’attaques, critiques, mises en cause. Cette alliance a construit un mépris, une haine sociale, contre les professeur(e)s, accusés de tous les maux, de ne pas assez travailler, d’être de gauche, d’être laxistes ou trop sévères, et l’Etat s’est appuyé sur cette parole omniprésente pour prendre le relais, notamment sous le Ministère Blanquer. Dans la France actuelle, les professeur(e)s ne sont plus rien, par comparaison avec, les footballeurs, les acteurs, les « start’upeurs », les businessman, les « influenceurs ». C’est cet état de fait que le second texte de ce livre détaille et essaye d’expliquer : pourquoi, pour l’Etat, les professeur(e)s ont été ainsi considérés comme si dangereux, si problématiques, qu’il fallait impérativement s’en prendre à ce corps de travailleurs, comme jamais ?
Pour rendre un réel hommage à Agnès Lassalle, il faut s’attaquer à ces causes déterminantes.
