13 Novembre : non, Paris n’est pas une Fête. Et si nous pensions à la manipulation en tête ? Note 1

Elle dira de «Paris» que, comme le proclamait Hemingway, «Paris est une fête», et de Danielle, nous aurons compris ce qu'elle voulait dire puisque des tueurs étaient venus à Paris pour cibler des êtres en fête. Mais passé l'effet champagne de cette tranquille et raisonnée parole, nous ne pouvons pas oublier que, non, Paris n'est pas une «fête», mais le lieu de tragédies historiques dont les victimes furent, parfois, tellement plus nombreuses encore. Dans la mémoire, hélas, on a, comme on dit, l'embarras du choix : la Saint-Barthélémy, la Commune massacrée, l'occupation et la libération de Paris, et, au-delà de ces victimes, les victimes de la politique parisienne, de la politique économique, avec sa gentrification, son exploitation de travailleurs sans-papiers, à la limite de l'esclavagisme, son vampirisme des revenus nationaux pour une petite «aristocratie», l'imposition de la misère à ses «banlieues». C'est dire. Il faut avoir vécu à Paris, en région parisienne, pour savoir ce qu'est Paris : ce lieu dans lequel vivent les décideurs politiques et économiques, que vous ne rencontrez jamais, dans la rue, dans les librairies, dans les restaurants – sauf dans les plus huppés, ce lieu où ces mêmes leaders vivent séparés du «peuple», ce champ des Illusions élyséennes qui voudraient vous faire croire que «Paris est une fête», que Paris est «la plus belle ville du monde», que «les Parisiens sont unis». Rires. Non, Paris n'est pas une fête, et Paris n'est pas à la fête, depuis ce 13 Novembre, où un commando-suicide est venu faire du Tarantino – vraiment, après le rodéo criminel de Janvier 2015. Quand il eut lieu, après le choc, il y eut un impensé : ils avaient voulu punir des blasphémateurs, et une fois la punition exécutée, et les Inquisiteurs eux-mêmes liquidés, l'affaire était close. Il n'y aurait pas de bis répétita. En effet. Le 13 Novembre, ce ne furent pas des cibles choisis, des people, mais «du peuple», abattu au hasard d'un chemin même déjà tout tracé. Celles et ceux qui partirent 5 minutes avant l'arrivée de ces assassins, celles et ceux qui devaient arriver 5 minutes après leur survenue, auraient pu être là 5 minutes plus tôt, plus tard, à l'instant t où des balles filaient pour produire ce que Bichat a défini dans la cessation des fonctions qui résistent à la mort. Cette mortalité qui nous limite tant est ici convoquée séance tenante, sans attendre. Un être humain qui en tue un autre accomplit un acte démiurgique terrible : ce que la vie a tant eu de mal à faire naître est néantisé, anéanti, irréversiblement. Les «terroristes» à leur tour assassinés, en ont su quelque chose, comme les autres. Si, en janvier, le peuple, choqué mais comme à côté des événements, a pris la rue, sans que des mesures de sécurité la lui interdisent, la chevauchée criminelle du 13 Novembre, aux allures guerrière, et proclamée telle par ses commanditaires, a provoqué les conséquences d'une telle prétention : ils disent qu'ils nous font la guerre, donc nous leur faisons la guerre, et nous imposons partout les signes de ces forces. Et voilà les Parisiens, et au-delà, les citoyens de France, placés dans l'état-Etat de, guerre. Pourtant, les responsables accusés, les dirigeants et combattants de l'EI, sont loin. Mais ils n'étaient pas tous loin, la preuve. L’État a donc des atouts pour imposer et justifier. Y a t-il des traîtres, des complices, des candidats à prendre la suite ? L’État a aussi cet atout : face aux risques, nous ne pouvons pas prendre plus de risques, et donc, nous devons agir dans toutes les directions. Comme les citoyens n'en sont pas, ils consentent. Sus aux traîtres. Et sale temps pour les suspects. L’État décrète l'état d'urgence, et ses dirigeants demandent que des droits nouveaux lui sont accordés contre les suspects et les traîtres. Que voulez-vous : «c'est la guerre». Pourtant, de l'aveu même d'un Ministre des Affaires Etrangères, rarement éclairé depuis sa prise de fonction, qu'est-ce que c'est que «Dache» ? 30.000 hommes ? Comment la France pourrait-elle être en guerre contre 30.000 hommes, dont l'immense majorité se trouve actuellement en Syrie et en Irak, sur son sol même ? L’État répond : vous voyez, ils étaient à Saint-Denis, et vous ne le saviez pas, et nous non plus. Il faut donc constater que, dans «la guerre du renseignement», deux batailles ont été perdues. Du coup, l’État exige pour lui-même et de lui-même plus de moyens encore, malgré les récentes lois, malgré les crédits pour cela, pour le «Pentagone» français. Et vous nous garantissez qu'il n'y aura plus d'attentats ? Là, sur cette question, les dirigeants ou refusent de s'engager ou nous assurent que…, il y en aura d'autres. Mais alors, pourquoi tous ces moyens et ces nouveaux moyens si avec, vous n'êtes pas capable de les arrêter ? On nous laisse entendre que, sans cela, il pourrait y en avoir plus et que ceux qui se produiront, hélas, seront des exceptions. Futures victimes de ces futurs attentats, nous pouvons vous dire déjà : désolé. Au nom de la «sécurité», on nous garantit une «insécurité» à minima. Reste qu'il est légitime de se demander : et pourrions-nous vouloir et espérer une sécurité totale ? Parce qu'il n'y aurait pas de projets d'attentats et donc d'attentats ? Parce qu'il n'y aurait pas de candidats pour les commettre ? Quel «beau monde» – je ne parle pas de ces happy few, dit «gens beaux» et «gens de bien» que nos médias nous vantent, mais de ce que les utopistes appelaient de leur vœu, un «nouveau monde», comme celui que des pèlerins anglais rêvaient de fonder loin de l'Angleterre de la violence et de la rapacité, un monde d'égaux, comme celui que des révolutionnaires russes, géorgiens, ukrainiens, bâtirent avec l'URSS – un monde que nos «grandes âmes» disent être un songe d'une nuit d'été, une fantaisie. Il est vrai que leur monde d'inégalités et de violences tous azimut, lui, n'a pas été rêvé par les peuples, et il est bien cette réalité qu'ils ont réussi à imposer à toute la planète, dans la mondialisation dont ils sont les maîtres. Le «terrorisme économique» n'est pas poursuivi par nos Etats, puisqu'ils en sont des complices, des soutiens. Mais là, il n'est pas permis d'utiliser une telle expression. Cela n'existe pas. C'est une exagération. Le «terrorisme» est réservé aux «terroristes», c'est de la logique cartésienne, bon française, comme le parti de la Haine le dit et l'aime. Quand des Etats, comme les Etats-Unis, exportent armes, guerres, mercenaires, agents secrets partout sur la planète, c'est de «la diplomatie». Quand des Etats, des organisations, prétendent leur résister, ce sont des dictatures, totalitaires. Ces éléments de langage nous sont imposés tous les jours, via les médias, et ils deviennent ainsi notre cadre de pensée, dans lesquels tant essaient de se débattre. La Programmation neuro linguistique n'a jamais été autant pratiquée, développée. D'ailleurs, aujourd'hui, 6 Décembre, des résultats nationaux de cette PNL sont attendus. Ses victimes vont continuer : de ces assassins qui ont été programmés, avec leur enthousiasme sanguinaire, jusqu'aux citoyens, aujourd'hui, victimes de celles et ceux qui auront voté comme on tire un coup de mitraillette, mais qui eux aussi, sont conditionnés à.

 

 

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